dimanche 10 mai 2020

Convivialité

Il y a vraiment une seule chose qui me manque durant ce confinement, ce sont les bars et les restaurants. Ces lieux de convivialité où il est aussi agréable de se poser seul avec son journal au comptoir que de se retrouver à 10 serrés autour d'une table. Involontairement j'en aurai profité jusqu'au bout puisque le 13 mars, je m'étais fait une bonne pizzeria le midi, j'avais bu un verre dans un pub en attendant que Docteure arrive pour se faire un bon petit resto. Ce soir là, nous étions les seuls à avoir réservé et à ne pas avoir fait faux bond à la restauratrice. Le lendemain tout était fermé.

J'ai toujours aimé ces lieux. C'est peut-être génétique, une de mes arrières-grands-mères tenait un café dans un petit village du Nord. Je me souviens avoir apprécié dès mon adolescence l'ambiance des bars et encore plus la découverte des pubs anglais lors de séjours linguistiques. Quand j'étais étudiant, c'était un plaisir de passer au pub après ma journée de job estival. En devenant adulte, j'ai découvert le plaisir de se retrouver entre amis pour des soirées bar - resto - bar et refaire le monde jusqu'à pas d'heure sans trop avoir à se soucier des finances (la joie des premiers salaires).

Aujourd'hui deux rendez-vous ont réussi à persister malgré l'arrivée de Grande Fille et les absences hebdomadaires de Docteure la "turbo prof". Le premier rendez-vous est rapide, certains soirs après le boulot. On sort pas tard du bureau, on reste pas longtemps au bar. Juste le temps de boire une ou deux pintes, un jus de pomme ou un perrier pour certains dans un chouette bar de la Défense. Toute l'équipe me manque. Leur fermeture donne un goût moins amer au télétravail. A quoi bon allez à la Défense si je ne peux pas aller les saluer en début de soirée ?

Le deuxième rendez-vous peut durer bien plus longtemps. Toutes les semaines on se retrouve entre amis au resto. Qu'on soit devenu parent ou non, ça nous rappelle l'époque où on était presque tous les soirs dans notre bar de la rue de Lappe. Aujourd'hui nous sommes plus calme mais c'est un moment essentiel de ma semaine. C'est l'occasion de perler d'autre chose que du boulot. C'est l'occasion de prendre des nouvelles des amis et surtout c'est l'occasion de sortir, de ne rien avoir à faire à la maison, de bien manger et bien boire, une parenthèse enchantée dans le train train quotidien.

Ces petits rituels me manquent : le plaisir d'arriver le premier et de prendre un premier apéro tout en finissant la lecture entamée durant le trajet en attendant les retardataires (quand ce n'est pas moi qu'ils attendent); l'écoute attentive des plats du jour; les immanquables dilemmes sur le choix des plats; la première gorgée de vin et se dire qu'il est vraiment pas mal, comme à chaque fois; la gourmandise qui dirige le choix du dessert et pour finir le petit digeo avant de rentrer chez soi, repus et heureux.

Durant le confinement, j'ai gardé le contact avec des collègues et amis, on se fait un apéro hebdomadaire mais ce n'est pas la même convivialité. Il n'y a pas ce plaisir de choisir ce qu'on va boire ou manger, il n'y a pas ce plaisir à se faire servir, il n'y a pas le plaisir des moments simples.

C'est pour cela que mon déconfinement ne commencera pas le 11 mai. Mon déconfinement ne commencera que lorsque les bars et les restaurants réouvriront (d'ailleurs je vote pour cette solution visant au déconfinement des bistros). Je rêve d'une semaine de réouverture où je ferais la tournée des Grands Ducs. Chaque repas serait l'occasion d'aller saluer mes bars et restaurants favoris. L'occasion de leur montrer aussi qu'on est là, que leur absence fut remarquée et qu'on est heureux de les voir encore debout malgré cette longue pause.

Pour conclure, comme le disent si joliment les Belges de Balthazar, "Levons nos verres à la nuit"...

2 commentaires:

  1. Mon déconfinement commencera quand les bars seront ouverts, comme toi, mais aussi quand je pourrai ne pas rester chez moi tout le temps, donc aller faire du télétravail en Bretagne.

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