dimanche 15 novembre 2020

Complot

Les avis convergent et sont de plus en plus nombreux. Il est clair que nous faisons face actuellement à un petit virus pas plus dangereux que la grippe saisonnière. Ce virus pas si dangereux a été créé par des savants fous pour tuer la moitié de la planète. Ce virus mortel qui ne tue pas ne s'attaque qu'aux populations les plus pauvres car les puissants de ce monde sont protégés par un vaccin qu'ils gardent pour eux. C'est pourquoi il faut absolument refuser de se faire vacciner sinon on va nous implanter des nanopuces pour suivre tous nos mouvements mais pas ceux de l'élite mondiale qui dirige le monde. D'ailleurs c'est clairement l'élite mondiale qui est à l'origine de ce vaccin pour pouvoir mener sa politique ultracapitaliste sans être dérangé par les opposants. Ce n'est pas une coïncidence si le premier pic a été constaté en Chine, pays ultracapitaliste par excellence. Puis Macron, embourbé par la crise des Gilets Jaunes, a importé le faux virus pour cloitrer tout le monde chez soi le temps de faire passer ses réformes impopulaires comme la réforme des retraites. Cette soit-disant épidémie lui a offert également sur un plateau la grande victoire aux municipales ancrant définitivement son parti dans le paysage politique local. Devant ce coup de génie, les démocrates américains ont aspergé le pays du coronavirus afin de gagner l'élection présidentielle. En faisant croire à une épidémie, ils ont convaincu les observateurs que le vote par correspondance allait battre des records de volume. C'est bien sûr pour ça que Donald Trump ne croyait pas à l'existence de ce virus et conteste à présent sa défaite. 

Ceci n'est qu'un aperçu des théories complotistes autour du covid. Je n'ai pas évoqué les masques qui asphyxient les enfants, ni le confinement qui ne servirait à rien. C'est assez logique que le confinement ne servent à rien puisque le virus ne tue pas et que les hôpitaux ne sont pas surchargés. En revanche pourquoi les capitaines capitalistes des grandes entreprises mondiales ont-ils cherché à enfermer chez eux des millions de personnes à travers le monde, les empêchant ainsi de consommer ?
Ces deux théories complotistes montrent aussi qu'il est difficile de discuter avec les adeptes des théories du complot. Un bon complot remet en question de nombreuses données, pose de nombreuses questions. Mais quand on essaye de démontrer avec des données chiffrées, des études scientifiques, nos complotistes hurlent à la liberté d'expression. Pour eux hors de question d'écouter les réponses, les explications. Ils s'attachent à leurs fausses données qu'ils mettent en avant comme étant une opinion qui va à contre-courant de la majorité alors qu'il ne s'agit que d'une contre-vérité. Une opinion qui va à contre-courant de l'idée générale est que François Hollande est un bon président. On est dans le subjectif, un bilan sera toujours soumis à interprétation. L'idéologie des uns et des autres donnera un avis différent. Nous avons donc à faire à une opinion. En revanche un nombre de patients diagnostiqués est un fait et non une opinion. Une étude médicale sur l'impact d'un médicament est un fait, non une opinion. Sur ce point, un danger persiste, il faut savoir lire un document scientifique. Les chiffres ont un sens si on les prend dans leur contexte. Une spécialité complotiste est donc de les sortir de leur contexte ou de les utiliser à mauvais escient. 

En écrivant tout ceci, je mesure l'inutilité de ce billet. Aucune personne accrochée à sa théorie complotiste va dévier de celle-ci sans une cruelle déconvenue. Je n'imagine pas les "non croyants" du COVID accepter la réalité sans passer par la case réanimation. Pire, ils risquent de se faire tester  positif suite à une poussée de fièvre et rappeler à qui veut l'entendre que leur contamination ne les a pas gêné. C'est un peu comme si une personne qui a une gastro réfute toute possibilité de finir aux urgences pour déshydratation tout simplement parce qu'il en est sorti avec un simple Smecta. Si j'écris ce billet, c'est surtout que je m'interroge sur ce qui peut pousser à suivre certaines de ces théories. Je peux comprendre ceux qui s'accrochent aux fausses informations qui donnent de l'espoir ou qui vendent une vie meilleure, comme l'inutilité du confinement. En s'accrochant à cette idée, associée au fait que notre gouvernement est plus qu'un piètre communicant sur la situation de crise, on peut croire que le confinement est une vulgaire arnaque. Pourtant les faits sont là et cette carte en est une belle illustration :

Je suis plus perplexe sur les adeptes des théories plus négatives. A quoi ça sert de s'accrocher à l'idée que les tests PCR endommagent le cerveau ou que le futur vaccin contiendra des puces 5G ? La période est assez difficile en ce moment, pourquoi essayer de se la rendre pus dur en voyant des complots visant à éliminer la moitié de la planète ? Surtout que pour éliminer la moitié de la planète, on y arrivera sans trop d'effort si on s'acharne à tuer les abeilles, à rouler en SUV diesel, à vouloir faire des économies d'énergie grâce au gaz de schiste, etc.

Pour finir, quitte à parler théorie du complot, autant poser la question de qui complote derrière les théories du complot. Ces théories ne sont pas gratuites. Le dernier film du genre a gagné près de 300 000 € en financement participatif, une estimation de gains dû aux visionnages payants comprise entre 125 000 et 250 000€. Le complot est un business florissant réalisé sur le dos de naïfs qui sont persuadés qu'on veut leur voler leur argent. C'est peut-être ça le plus triste...

lundi 9 novembre 2020

Contestation

Ce mardi, Grande Fille n'ira pas à l'école. Son école maternelle est fermée, le personnel enseignant ayant décidé de suivre le mouvement de grève nationale dans l'Education Nationale. C'est sûr ce ne sera pas le plus pratique pour nous de devoir télétravailler à deux dans l'appartement et de devoir s'occuper de Grande Fille. Ce n'est pas pour autant que je ne soutiens pas nos maîtres, maitresses, ATSEM et autres personnes travaillant à l'école.

Dans le primaire les syndicats appellent à une "grève d'avertissement". Le Snuipp-FSU indique que « en ne débloquant aucun moyen supplémentaire et en subordonnant la mise en œuvre des gestes barrières à un ‘si c’est possible’, le ministre de l’éducation met en péril la continuité de l’école. » Le Sgen-CFDT n'appelle pas à la grève mais donne pourtant les mêmes motifs d'insatisfaction suite aux dernières sorties du ministre :

Cependant les courriers du ministre ne disent rien des écoles et des collèges. Or si les connaissances épidémiologiques montrent des différences par tranches d’âge en termes de symptôme et de contagiosité, les enfants ne sont pas à l’écart de l’épidémie. Les enfants, les professionnels travaillant à leur côté et leurs familles doivent aussi être protégés non pas du risque zéro qui n’existe pas, mais des situations les plus à risque de transmission. Il en va de leur protection individuelle mais aussi de la réussite de la stratégie de santé publique pour endiguer l’épidémie.

Or dans des écoles, dans des collèges, les problèmes de distanciation en particulier à la cantine, les difficultés voire impossibilités pour aérer les salles de classe existent aussi. Pour le Sgen-CFDT, ces situations doivent enfin être prises au sérieux et des solutions doivent être trouvées.

Il faut cesser de recommander de remplacer un temps de récréation en extérieur par un temps calme en classe. Enfants et adolescent ont besoin de sortir, de bouger, c’est aussi cela qui contribue à leur santé physique et mentale. En outre c’est bien en lieu clos que les risques de propagation du virus sont les plus forts. Sur ce point, le Sgen-CFDT demande la modification du protocole sanitaire.


Comment ne pas soutenir leur mouvement de contestation ? Certes les situations sont différentes selon les villes, les établissements mais le problème général vient d'en haut. Le 20 octobre le Premier Ministre osait affirmer à l'Assemblée Nationale que « l’Education nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire. »
Choyés, mais ce gouvernement refuse de recruter plus de personnel alors que c'est un besoin pour faire face à de futures vagues d'épidémie mais surtout une nécessité pour correctement accompagner tous les enfants. Par exemple j'ai du mal à comprendre comment la maîtresse de Grande Fille arrive à s'en sortir avec ses 28 enfants de Petite Section.
Choyé mais ce gouvernement a rétabli le jour de carence et persiste en pleine période d'épidémie.
Choyé ce primaire, pourtant il "est le parent pauvre de l’école française : 1,2% du PIB consacré au primaire, contre 1,5% en moyenne dans l’OCDE." Comme l'indique le blog L'Instit Humeur "Sur l’ensemble de l’école primaire, les dépenses cumulées pour un élève français sont de 36 977 USD contre 51 145 USD en moyenne ; près de 40% d’écart !".

Je soutiens leur mouvement car cette école est un des derniers endroits de large brassage de population et donc un des endroits où il devient fortement possible d'attraper le COVID. Il est urgent de tout faire pour protéger la santé des enseignant-e-s et des assistant-e-s si on veut que les cours soient garantis le plus longtemps possible. Il faut protéger tant que possible ces enfants si on ne veut pas qu'ils apportent le virus chez eux. Nous sommes tous d'accord que maintenir l'école est important voire indispensable. Mais il ne faut pas que son maintien se fasse à n'importe quel prix et surtout pas au prix de la santé des enseignant-e-s.

Contaminé ?

C'est l'automne, bientôt l'hiver. Les températures sont descendues en dessous de 5°C certains matins de la semaine dernière. C'est donc la saison des rhumes et des angines qui débute. Mais actualité et confinement oblige, au moindre toussotement, au moindre coup de fatigue, on n'imagine tout de suite avoir été contaminé par le virus de l'année.

C'était mon cas ce week-end. Samedi matin je me réveille dans un état de fatigue tel que j'aurais pu croire ne pas avoir dormi de la nuit, il aura fallu des des siestes samedi matin, samedi après-midi et dimanche matin pour retrouver en état de forme normal. La nuit de samedi à dimanche fut compliquée, à cause d'un mal de gorge et d'une légère toux. Un mal de crâne a accompagné mon samedi et mon dimanche matin. Tout de suite, ce fut l'inquiétude. Avais-je attrapé ce satané virus ? Mon seul critère rassurant, je n'avais pas de fièvre. Non malgré mes prises de température toutes les deux heures, malgré l'utilisation de deux thermomètres différents, la fièvre ne venait pas. 

Ce lundi matin, avec Docteure (mais "pas ce genre qui soigne les gens") on s'est posé la question d'envoyer ou non Grande Fille à l'école. Nous ne voudrions pas être à l'origine d'un nouveau cluster. Au final, personne n'ayant de fièvre dans le foyer, mon état s'étant amélioré (malgré cette légère toux), Grande Fille est allé à l'école. Dans le doute, j'ai appelé mon pharmacien pour savoir si ça valait le coup de réserver un créneau chez lui pour un test. Il n'a pas semblé plus inquiet que ça de mon sort. Il me répétait surtout, si vous vivez au contact de personnes à risques alors faites un test pour rassurer votre entourage (et moi par la même occasion). Il m'a aussi avoué son désarroi car il était en pénurie de tests et n'avait pas d'information précise sur une date de prochaine livraison. 

Étant un peu rassuré sur mon état, je me suis tout de même renseigné sur les endroits où passer un test rapidement si je constatais une montée de ma température. Agréable surprise, j'ai vu que sur le parvis de la Gare de Lyon, il y a un centre de dépistage mobile pour toute personne avec une attestation de la CPAM et pour toute personne symptomatique. La prise de rendez-vous se fait rapidement en ligne. J'ai suivi le process jusqu'à avoir la liste des créneaux disponibles et ils sont nombreux si on a 24h devant soi, ce qui est plutôt rassurant. 

Au final si tout semble être rentré dans l'ordre ici, il n'empêche qu'il faut être vigilant. Comme le disait une copine de blog, la menace approche. Le virus est fourbe est profite de tout moment d'inattention. Une connaissance indiquait avoir probablement attrapé ce COVID en faisant le plein d'essence de sa voiture (pourquoi, comment, je ne sais pas) mais dans tous les cas ça incite à rester chez soi en ce moment de confinement général même si on se sent à l'abri dans sa voiture pour aller au travail.

dimanche 8 novembre 2020

Combo

Ce mardi Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a tenté de lancer le combo gagnant : Confinement + Couvre-feu. Immédiatement le chef du gouvernement l'a recadré pour dire que ce n'était pa sà l'ordre du jour même si la préfecture de police de Paris avait émis l'hypothèse. Il semblerait qu'à Paris le confinement ne soit pas correctement respecté, voire même que certains établissements continueraient à accueillir des clients... On notera que ce gouvernement, toujours prompt à mettre en avant le nombre de verbalisations n'évoque pas ici de sanction envers les patrons récalcitrants. A se demander si ces situations existent réellement.

Plus tard cette semaine, la préfecture de Paris et la mairie de Paris ont décidé de durcir le confinement en le combinant avec l'interdiction de la vente à emporter et de la livraison de repas après 22h.  Contrairement à des pleureurs professionnels, je ne m'inquiète pas de comment vais-je faire pour me sustenter le soir (je ne crois d'ailleurs pas avoir commander la moindre fois après 22h). Mais je m'interroge de l'intérêt de la mesure. Considère-t-on qu'il y a plus de risques de contamination ou de création de clusters si le livreur de pizzas nous amène une 4 fromages après 22h qu'à 20h ? Les livreurs ne risqueraient rien entre 12h et 22h en allant d'immeuble en immeuble, de digicode en digicode en revanche après 22h, tous aux abris ?

Ce vendredi, Libération publiait un article montrant que de nombreuses entreprises, tout secteur d'activité confondu, ne respectait pas la règle du télétravail généralisé. Dans ces entreprises, ce sont des consignes de la direction refusant le télétravail (ces interdictions devraient pouvoir être sanctionnées un tribunal) ou un flou volontairement entretenu par les managers pour laisser ceux qui ne veulent pas se confiner. J'avais déjà donné l'exemple de ma boîte. On a battu un record ce jeudi avec 25 personnes présentes.
Autre indice d'un mauvais respect du confinement, le décompte du nombre de cyclistes passant rue de Rivoli. On observe que la fréquentation ne diminue même pas de moitié entre la dernière semaine avant le reconfinement (7906 passages en moyenne) et cette semaine (4612 passages en moyenne). A titre de comparaison, la première semaine d'avril, en plein véritable confinement, il y avait en moyenne 1067 passages par jour (mais à l'époque il y avait moins de cyclistes qu'aujourd'hui). La différence est encore moins marquée Boulevard Sebastopol

Nos autorités (gouvernementales et locales) ont-elles raison de chercher à tout prix de durcir le confinement le soir alors qu'elles semblent être bien permissive envers les resquilleurs au télétravail ? Encore une fois toutes ces décisions manquent de cohérence. Ils cherchent à empiler les mesures à la recherche du combo gagnant sans prendre le temps de la réflexion, sans se baser sur des constats chiffrés. Ou alors ils ont des chiffres justifiant leurs mesures et dans ce cas, présentez les, expliquez les. Au fil des années, tous les gouvernements répètent qu'ils doivent faire preuve de pédagogie pour faire passer leurs réformes. Faites preuve de pédagogie pour vos mesures sanitaires. Et vous verrez que les gens seront plus réceptifs, ou peut être qu'en tentant de les expliquer vous comprendrez qu'elles n'ont aucun sens. Vous éviterez ainsi un certain embarras.

vendredi 6 novembre 2020

Considérations

Alors que nous sommes cloitrés chez nous pour une durée indéterminée, nous pouvons remercier les Etats-Unis pour nous offrir un divertissement capable de nous occuper pendant toute une semaine. En temps normal, je suis déjà fasciné par le processus électoral que ce soit en Angleterre ou aux Etats-Unis (puisqu'il ne faut pas parler de processus électoral anglo-saxon). Chez les Anglais, je suis fan de leurs bureaux de vote, parfois bien moins austères que nos écoles et mairies. Chez les Américains, j'ai toujours beaucoup d'interrogation sur le fonctionnement global de leur démocratie : les grands électeurs qui retirent une partie du pouvoir donné aux citoyens, les élections de mi-mandat qui sont un appel à la cohabitation. 

Dans les deux pays, la journée de vote se passe sur un jour travaillé. Je me suis toujours demandé s'il y avait un véritable intérêt à voter en pleine semaine et non le week-end. Est-ce qu'en partant du principe que la population active étant obligé de sortir de chez elle pour travailler, elle aura plus tendance à faire un crochet par son bureau de vote ?
Mais comment font-ils pour le tenue des bureaux de vote ? En France, il est déjà difficile de trouver des présidents de bureau de vote, des assesseurs pour passer tout leur dimanche à gérer les opérations de vote. Comment font-ils dans ces pays où les salariés ont moins de jours de congés ? Est-ce que ce ne sont que des fonctionnaires mis à disposition par les autorités locales ? Si c'est le cas, comment ces personnes peuvent-elles garantir l'intégrité du scrutin et ne pas être excessivement en faveur du parti de leur employeur ?

Cette année une autre particularité donne tout son intérêt au déroulement de l'élection présidentielle américaine. Son résultat final est en attente du dépouillement des votes par correspondance. En pleine période d'épidémie mondiale, ça pourrait sembler une bonne idée de pouvoir voter depuis chez soi, même si ce mode de vote existe depuis bien plus longtemps que l'arrivée du Covid. Surtout, même en pleine épidémie mondiale, ce vote me semble, avec mon regard de Français, une hérésie démocratique. Le passage dans l'isoloir doit garantir à l'électeur la confidentialité de son vote. Ce passage dans l'isoloir aide, à défaut de le garantir, que le vote est fait selon la seule volonté de l'électeur. En votant à distance, loin du sacro-saint secret de l'isoloir, rien ne garantit que l'électeur n'a pas voté sous la contrainte d'une autre personne. 
Ce vote a distance, via internet, est utilisé en France dans certaines entreprises pour les élections de représentants du personnel. Ca me choque de la même façon même si le processus est bien pratique et permet de voter quand on le veut. Rien n'empêche dans ces situations qu'un chef, qu'un collègue candidat fasse le forcing, soit présent dans le dos du salarié électeur.

J'ai aussi beaucoup entendu des critiques envers les Républicains qui ont agi dans de nombreux états (au niveau fédéral peut-être ?) pour interdire de débuter le dépouillement des votes par correspondance avant la fermeture du scrutin physique, ce délai dans le début du dépouillement ralentissant l'annonce des résultats officiels. Je n'imagine pas comment les états auraient pu garantir l'intégrité du scrutin si le dépouillement avait commencé plus tôt. On voit qu'une large majorité des votants par correspondance est pour Biden (ce qui semble logique vu que dans les dernières semaines Trump critiquait ce mode de vote). Imaginons que certains résultats de dépouillements fuitent avant la fin du scrutin, situation plus que probable dans l'enthousiasme de l'élection. Avec ces fuites, des abstentionnistes se sentant plus proche de Trump que de Biden (ou plus proche des Républicains mais non convaincus par leur candidat) auraient pu se mobiliser pour venir en masse alors qu'ils n'avaient pas prévu de voter initialement, un peu à la façon d'un rappel des troupes de députés avant un vote qui s'annonce difficile dans notre Assemblée Nationale.

Je ne dis pas que notre système électoral est parfait. J'aime beaucoup découvrir les particularités étrangères. Mais sur le système de vote je reste convaincu qu'on n'a pas fait grand chose de mieux que notre bon vieil isoloir et du vote par procuration.

mardi 3 novembre 2020

Compréhension

Ce lundi était mon premier jour de travail confiné, donc de télétravail. On pourrait résumer mon boulot à des réunions en continue qui s'enchainent presque toute la journée. Ca fait donc depuis mi-mars que je passe mes journées au téléphone, même après le déconfinement alors que je passais 2 ou 3 jours par semaine au bureau. Si l'activité de mes collègues est différente de la mienne, rien n'empêche le télétravail. D'ailleurs on avait tous eu l'agréable surprise durant le premier confinement que les équipes fonctionnaient plutôt bien et peu de retard était à déplorer. C'est donc avec confiance que j'aborde cette nouvelle phase de télétravail forcé.

Ce matin j'ai donc eu une belle surprise en découvrant que plusieurs de mes collègues étaient "sur site". Lors de cette première journée de travail, j'ai reçu deux sollicitations pour revenir dans les bureaux, dont une pour une réunion avec une douzaine de personnes ! Je ne comprends pas vraiment ce qui n'a pas été compris dans le terme de confinement. Surtout que je travaille en openspace, dans une petite tour moyennement aérée, avec une fenêtre sur 5 qui s'entrouve et une climatisation qui ne doit que brasser l'air intérieur.

Depuis le début de ce confinement, je parle de confinement light, je signale les légers changements que j'observe. Mais lors du premier confinement jamais nous n'avions plus que deux ou trois personnes dans les locaux, principalement pour faire des tests sur du matériel impossible à faire à distance. J'ai de plus en plus l'impression que ce confinement n'est pas pris aussi au sérieux que le premier. Je suis le premier à saluer les libertés supplémentaires offertes par rapport au printemps. Mais je crains que si on abuse de ces possibilités offertes alors la suite ne sera que plus dure. On l'a vu, notre gouvernement gouverne à tâtons et n'hésite pas à enchainer les mesures de plus en plus restrictives. J'ai l'impression que non convaincu par ses propres actes, le gouvernement n'hésite pas à durcir ses décisions sans même attendre les premiers résultats des mesures précédentes. Le problème est qu'en nous faisant glisser lentement mais surement vers le reconfinement, ce reconfinement n'a, à première vue, pas été perçu comme un choc nécessaire pour lutter contre l'épidémie. Résultat, lorsque le Premier Ministre s'exprime, il ne passe pas un message du type "Restez chez vous" mais plutôt un message de nouvelles restrictions dans la vente de produits considérés comme non essentiels. En prime il s'offre des propos hallucinants sur son refus de regretter la colonisation mais ne nous égarons pas...

Je suis convaincu que ce n'est pas la vente de produits considérés comme non essentiels qui poussent les gens à ne pas respecter le confinement. C'est plutôt l'incompréhension de la volonté gouvernementale et donc du risque sanitaire. Depuis le début du printemps ce gouvernement a montré toutes ses limites, pour ne pas dire incompétence, sur sa gestion de la crise sanitaire. En ne piochant que ponctuellement dans les rapports du Conseil Scientifique, en mettant en scène la proximité du Président avec un savant fou marseillais, en agissant et en se contredisant dans des délais de plus en plus courts, leurs propos et leurs actes sont devenus dénués de sens. Plusieurs études indiquent que des mesures coercitives sont mieux acceptées si elles sont expliquées par des personnalités scientifiques et non des dirigeants politiques. Les conclusions du Sixième Forum du futur sur la communication en cas de crise organisé en 2004 par l'OMS (ça ne date pas d'hier) préconisent par exemple :

  • ne pas transiger sur les compétences de la personne en contact avec la presse (souvenez-vous l'ancienne porte-parole du gouvernement au printemps),
  • communiquer en toute simplicité, avec exactitude et transparence, sans traiter le public avec condescendance et en temps utile avant que des mesures soient prises,
  • veiller à ce que les autorités sanitaires soient cohérentes dans leurs messages à la presse (l’objectif est de parler d’une seule voix).

Le gouvernement gagnerait à se faire plus petit, à mettre plus en avant un Conseil Scientifique sur le sujet du COVID au lieu de tenir des conseils de défense. Ses mesures gagneraient en lisibilité et en crédibilité. Hélas on a plus de chance de voir le Président et le Premier Ministre venir s'exprimer régulièrement et annoncer de nouvelles mesures qui seront, à n'en pas douter, de plus en plus restrictive et de moins en moins bien comprises par la population.

dimanche 1 novembre 2020

Contraintes

Un confinement sans contrainte n'est pas vraiment un confinement. Mais comme souvent, pour qu'une contrainte soit appliquée, il faut qu'elle soit comprise. Or avec tous les errements de nos gouvernants depuis de nombreuses semaines, difficile de comprendre les règles de ce nouveau confinement.

Il y a bien sûr la question des librairies. Petit rappel pour ceux qui n'ont pas tout suivi. Le gouvernement annonce que seuls les commerces vendant des produits essentiels peuvent ouvrir. Les librairies sont exclues de la liste, pas les grandes surfaces et leur rayon culture, pas la FNAC qui a réussi à négocier une ouverture grâce à son rayon informatique (afin d'aider les télétravailleurs contraints). Devant la fronde des libraires, le gouvernement réagit comme à son habitude, c'est-à-dire à contre-sens, en décidant d'interdire tout simplement la vente de livres, que ce soit en librairie ou en grande surface. Le monde du livre donne de la voix, surtout sur les réseaux sociaux. Le jury du Prix Goncourt fait de la rétention et refuse d'annoncer le ou la vainqueure tant que les librairies seront fermées.

Cette fronde est assez étonnante car au final les libraires ne sont pas tant à l'arrêt que ça. La plupart ont retenu la leçon du premier confinement et ont déjà mis en place une solution de "Click and Collect". Cette solution est pratique est permet aux libraires de continuer leur activité. Même des librairies sans site internet s'y sont mis. Par exemple, près de chez moi la librairie Henri IV reçoit les commandes par mail, par téléphone, par SMS ou même sur la pas de la porte. Le paiement et la réception de la commande se font tous les après-midis sur le pas de la porte. Je suis assez à l'aise avec ce comportement puisque c'est un peu déjà comme ça que je fonctionne avec eux. Je viens pour un livre en particulier et s'ils ne l'ont pas en rayon, ils me le commandent. C'est plus gênant pour les lieux où on aime flâner. Pour moi c'est la librairie La Friche, dans le 11ème arrondissement. J'aime y trainer et choisir un peu à l'instinct mes livres. La librairie étant à plus de 2 km de chez moi, il n'y a pas de regret à avoir.

Ce qui me surprend plus, c'est cette levée de bouclier quasi unanime autour des librairies qui occulte presque tous les autres petits commerçants. Le monde du livre proteste mais je n'ai entendu personne l'ouvrir pour défendre les disquaires. Pourtant l'activité de ces derniers est surement encore plus en difficulté. Pas de prix bloqué du disque, concurrence des grandes surfaces et des sites de vente en ligne mais surtout concurrence implacable, voire mortelle des sites d'écoute en ligne. Les rares disquaires qui existent encore doivent être soutenus continuellement et encore plus en ce moment !

Ce constat s'applique pour tous les petits commerces. Je pense que tout ce qui est achetable chez un petit commerçant spécialisé l'est dans un hypermarché. Instinctivement, je me sens plus en sécurité dans un petit commerce où le patron peut limiter facilement le nombre de clients reçus en simultané (comme c'était souvent le cas avant ce deuxième confinement) que dans un grand magasin qui reçoit bien plus de monde. Je trouverais plus logique que le gouvernement incite à visiter ces petits commerçants plutôt que de favoriser à tous prix les grosses enseignes, quitte à leur demander la fermeture du rayon Livres, et si dans le lot certains ne sont pas si essentiels que ça, est-ce vraiment un problème ?


Autres contraintes que j'ai du mal à comprendre, celles appliqués aux sportifs. Je ne critique absolument pas la fermeture des salles de sport, la fin des entrainements de sports collectifs. En revanche la contrainte de la sortie limitée à une heure et surtout à un kilomètre autour de chez soi me laisse perplexe. En quoi un joggeur qui part seul faire ses 10 ou 20 bornes (ou plus) serait un danger ? De la même façon, en quoi faire du vélo seul pendant 50 ou 100 kilomètres serait un risque pour le cycliste ou les autres ? Qu'on interdise la pratique du sport en groupe, je le conçois parfaitement. Qu'on interdise la pratique individuelle m'échappe totalement. Bien sur cette remarque n'est pas innocente. Le dimanche matin, j'aime partir à la découverte de l'Ile de France avec mon vélo. Quand je traverse la forêt de Marly le Roi ou les champs autour de Claye-Souilly, je ne me sens pas du tout dans un foyer à COVID. Pour ne pas trop perdre la forme, je vais me remettre au jogging en espérant que les lieux qui me sont accessibles, comme le Parc des berges de Seine, soient moins fortement fréquentés que lors du premier confinement.

samedi 31 octobre 2020

Comparaison

Ce nouveau confinement commence d'une étrange façon. Le précédent date d'il n'y a pas si longtemps et la comparaison est inévitable. Après les premières heures, difficile d'avoir l'impression de vivre la même expérience.

La première différence est de taille. Les écoles, collèges et lycées sont ouverts. Ce qui signifient que les parents ne devront pas se transformer en professeurs de substitution. C'est extrêmement rassurant pour nous, parents télétravailleurs, car ça nous enlève un poids énorme. Sur la durée d'une journée de classe, nous pourrons nous concentrer sur notre activité professionnelle, d'autant plus que par rapport au premier confinement, les universités ne sont pas à l'arrêt, Docteure aura donc bien plus de travail qu'au printemps dernier. Ca signifie aussi qu'on n'aura pas cette charge éducative à mener de front avec nos tracas professionnels. Je m'imaginais mal mener de front l'apprentissage de la motricité fine (et la patience que cela requiert) et le suivi d'un éventuel incident dans le fonctionnement de mon système informatique (et le stress et les multiples sollicitations que cela engendre). Si tout se passe bien, et tant que l'école restera ouverte sans mettre en danger les professeur-e-s et leurs assistant-e-s, nous pourrons différencier clairement les moments de la vie professionnelle et ceux de la vie privée. C'est plus sain ainsi.

L'ouverture des écoles va nous permettre aussi des sorties régulières. Avec le rythme de marche de Grande Fille, ses nombreuses poses pour observer le monde qui l'entoure, il faut compter au moins trente minutes de trajet à pieds entre le domicile et l'école. Le soir ce temps peut même doubler si l'envie n'y est pas. Ce seront toujours ces moments de gagner sur l'enfermement imposé. Pour Grande Fille, ça aidera à invisibiliser cette contrainte. Les sorties sont aussi importantes pour les jours sans école. Et sur ce point, alors que le confinement n'est pas démarré depuis 48 heures, la différence avec le premier épisode est flagrant. Au printemps je ne sortais dans la rue que tous les 15 jours pour faire les courses de la semaine. Depuis vendredi, je suis déjà sorti deux fois pour faire un tour avec Docteure et Grande Fille. Certes on fait attention de ne pas partir trop loin ni trop longtemps, mais un rayon de 1km et une durée d'une heure, ça suffit à fatiguer une Grande Fille. Cette contrainte est plus difficilement compréhensible pour d'autres activités mais je reviendrais surement sur ce sujet plus tard.
Force est de constater que c'est la même chose pour un grand nombre de nos voisins. Ni hier soir, ni ce matin j'avais l'impression de me promener dans une ville déserte comme j'avais pu le ressentir lors du premier confinement. Les gens se promènent, profitent des parcs pour lire leur journal, les enfants font du toboggan. La vie continue en extérieur et je trouve ça pas plus mal. Si ce virus préfère les endroits fermés et mal aérés, alors profitons des espaces extérieurs du moment que l'on fait attention de ne pas se retrouver à plusieurs et qu'on reste confiner socialement au noyau de son domicile.

Ce nouvel épisode de confinement vient de commencer et j'ai l'impression qu'on a retenu la leçon du premier exercice et que chacun adapte les règles à son goût. Je me dis que tant qu'on se tient à distance les uns des autres, on est dans l'esprit de l'exercice et ce n'est pas parce qu'on sort tous les jours (voire deux fois par jour) qu'on s'expose ou qu'on expose les autres. En espérant que nos gouvernants ne nous enlève pas ces rares moments de liberté à l'air libre dans les jours ou semaines à venir.


Bon week-end loin des autres !

vendredi 30 octobre 2020

Confidentiel anniversaire


Aujourd'hui est un jour particulier et important, c'est l'anniversaire de Grande Fille. Cela fait trois ans qu'elle égaye nos journées, qu'elle nous émerveille de ses progrès et, plus rarement, qu'elle nous agace avec son caractère qui s'affirme. 

Aujourd'hui est un jour particulier dans une ambiance particulière. Une ambiance de fête confidentielle, un retour du confinement qui nous empêche toute fête familiale mais si pour cette fois, ce ne sont pas les annonces gouvernementales qui ont contrecarré nos plans. Cet anniversaire devait se faire confiné, nous n'avions pas trop le choix. L'idée initiale était un voyage en famille en Suisse pour pouvoir montrer à Grande Fille les préparatifs de l'arrivée de sa future cousine helvetico-franco-américaine. Les frontières fermées et la quarantaine imposée par la Suisse rendant impossible la tenue d'un week-end familial et festif. Qu'à cela ne tienne, nous espérions pouvoir nous retrouver avec les grand-parents paternels, eux aussi privés de Suisse, pour une journée toute aussi excitante. Le sort en a décidé autrement puisque les deux sont positifs à ce maudit virus. Heureusement la maladie n'est pas trop grave et semble ne pas trop abimer la santé des aïeux. Malheureusement les précautions doivent être prises pour éviter tout contact. Cloîtrés dans leur maison avec les cadeaux de Grande Fille qui n'attendent qu'à être ouverts, c'est de nouveau grâce aux visioconférences qu'ils pourront partager quelques moments avec leur petite fille.

Heureusement le confinement se veut plus léger que le premier. A la fin du week-end, Grande Fille, du haut de ses 3 ans, devrait retrouver son école et ses ami-e-s. C'est rassurant de se dire qu'elle pourra continuer à évoluer dans une certaine normalité, poursuivre son éducation, son développement entourée de personne dont c'est le métier. Elle attendra tout de même un peu avant de retrouver sa maitresse préférée, elle aussi étant en attente des résultats de son test Covid. Ce n'est qu'une impression mais j'ai le sentiment que j'ai plus de personnes dans mon entourage qui ont attrapé cette maladie depuis le début de l'automne qu'au moment du printemps. Fort heureusement pour le moment aucun des malades de la deuxième vague n'a eu de forme critique nécessitant une hospitalisation. Cette hausse dans mon entourage me fait dire que ce confinement n'est peut-être pas une si mauvaise chose. En tout cas cela semble la mesure la plus logique prise depuis de nombreuses semaines.

On peut tout de même se poser la question de l'intérêt de fermer les petits commerces. Pourquoi imposer la fermeture des librairies quand on pourrait leur laisser le choix de leur organisation ? On entre dans la période des prix littéraires, peut être la période qui leur amène le plus de client. Boutique fermée, qui va récolter les fruits, les géants de la vente sur internet, c'est bien dommage. Espérons que la plus part réussisse à trouver des solutions alternatives afin qu'on puisse continuer à se faire de petits cadeaux à nous même quand l'envie d'un nouveau livre se fait trop pressante. Après tout, nous ne sommes pas obligés d'attendre un anniversaire avec beaucoup d'invités pour se faire plaisir.

Confinement 2, le retour

Ce premier confinement, on l'avait quitté sans trop y croire avec un déconfinement progressif, local, par profession. Puis on a repris goût à notre vie d'avant. On revenait plus ou moins fréquemment au travail, selon les envies ou les possibilités de chacun. On retrouvait nos habitudes, voire on s'en créait de nouvelles (qui n'a pas eu de réaction outrée en voyant des films ou séries avec des acteurs ne respectant pas une distanciation sanitaire ?). L'important, le vie reprenait son cours. 

Dernièrement il y avait tout de même quelque chose qui sonnait faux. Tout d'abord notre gouvernement avec ses prises de mesures sans trop y croire. Vas-y que je ferme les bars, que je contrains les restaurants mais pas les lieux de restauration d'entreprise. Vas-y que je crée des couvre-feu sans explication intelligible. A quoi aurait pu servir cette interdiction ? Les études montraient-elles des clusters lors de regroupements de collègues ou amis lors de soirées privées ? Ces clusters étaient-ils dans la rue une fois la nuit tombée ? Aucun cluster ne serait visible dans les bureaux et les open-spaces ? Ce gouvernement donnait l'impression de balancer ses dernières cartouches pour ne pas avoir à admettre un reconfinement, probable signe d'un échec surtout quand on axe toute la communication autour du nouveau Premier Ministre, alias "Monsieur Déconfinement". Pourtant soyons honnêtes, une majeure partie des gens côtoient bien plus de personnes sur une journée de travail qu'en soirée. Sans être épidémiologiste mais en écoutant les recommandations du gouvernement, les transports en commun semblent bien plus dangereux que se partager une côte de boeuf au resto du coin.

Le problème est que ces mesures prises semaines après semaines donnent l'impression que le gouvernement, tel un père fouettard, est obligé de sévir à cause d'enfants turbulents et intenables. Quitte à faire passer le message sous-jacent que tout malade du COVID serait fautif, coupable d'un comportement inconscient, coupable de ne pas avoir accepté la solution de suivi gouvernementale (peu importe le nom de l'application). A croire que si tout le monde écoutait le gouvernement, alors le virus serait éradiqué. Bien sur ça ne peut pas être vrai. Bien sûr, il est inutile de stigmatiser les malades de ce p****n de virus. Surtout que les cartes de développement de la contamination montrent des évolutions dans tout le pays et pas uniquement dans les grands centres urbains.

En revanche il est plus que jamais nécessaire d'être solidaire face à cette maladie. Il faut que chacun prenne sa part, d'où la nécessité d'un confinement national. Si chacun doit prendre sa part de responsabilité, alors le gouvernement aussi. Depuis le début de ce virus, malgré les promesses d'un monde d'après qui serait meilleur, rien ne se passe. Le secteur médical ne bénéficie toujours pas d'un plan de développement pour faire face aux crises à venir. Les jeunes les plus précaires ne sont toujours pas aidés alors qu'ils font partis des premières victimes des crises économiques. Les solutions existent et sont débattues depuis de nombreuses années, une véritable politique de santé publique, un revenu d'accompagnement universel et à défaut un RSA pour tous, y compris pour les jeunes adultes.

Alors nous y sommes de nouveau. Nous allons retrouver le confinement du printemps, avec une météo automnale qui nous fera un peu moins regretter le monde extérieur mais avec quelques libertés supplémentaires bienvenues. Grande Fille reprendra le chemin de l'école lundi, on devrait aussi pouvoir sortir le week-end pour l'aider à évacuer sa fougue juvénile. Nous sommes repartis pour un nouveau chapitre, nous verrons ici au fil des jours ce que cela signifie. En attendant, ne faites pas cette tête là...


vendredi 3 juillet 2020

Con comme raciste

Je me présente. J'ai écrit plusieurs billets, j'ai tenu un autre blog avant, mais en introduction de ce billet, je me sens obligé de me présenter. Je suis un homme blanc, cis, très proche de la quarantaine (l'âge pas la manière d'être confiné), habitant le centre de Paris.
Pourquoi ce préambule à présent ? Car malgré mon privilège blanc (volontairement sans guillemets), masculin, hétéro je suis choqué par l'actualité.

Ce lieu, ce blog, a été mon moyen d'expression de mon quotidien durant le confinement et les prémices du retour à la normale. Le retour à la normale n'est toujours pas d'actualité mais pour ceux qui suivent ces billets, la crèche et les bars/restaurants ont rouverts, ça correspond à des signes majeurs de retour à la normale. Pourtant aujourd'hui est arrivé par une singulière concomitance des articles accablants contre les violences policières majoritairement intervenues durant le confinement (même si on sent que c'est un malheureux hasard). Les Jours ont commencé une nouvelle obsession (une nouvelle série dans leur langue). Le premier épisode est accablant et ne donne pas envie de lire la suite, surtout si on vit bien dans un monde avec des œillères. Trois citoyens sont suivis.

Le premier, Malo, un enfant de 14 ans qui sort de sa barre HLM pour retrouver son camarade de collège. Il explique qu'à la vue des flics :
« Je ne sais pas pourquoi j’ai couru, je pense que j’ai eu peur de me prendre une amende parce que nous étions deux, je crois qu’on n’avait pas le droit de se retrouver. Je ne voulais pas rentrer à la maison avec une contravention. »
A cause de cette course, l'enfant (14 ans je le rappelle) a reçu : "une droite sur l’arcade gauche", "une énorme baffe sur la joue gauche", "Le policier m’écrasait le dos avec un genou et me faisait une clé de bras", des baffes pour ne pas avoir déverrouillé son téléphone... Enfin, ces racistes (ne les appelont pas par leur fonction par égard à ce qu'ils devraient représentaient), se rendent compte qu'ils ont à faire à un gamin de 14 ans. Leur réaction pleine d'excuse : "Si je te revois traîner, tu es mort ! Tu m’as bien compris ?"

Seconde personne, Ramatoulaye, sort faire des courses durant le confinement. Elle entendra ces propos : « Ferme ta gueule ! », « sale pute ! », « petite merde ! », « sale pétasse ! ». Ramatoulaye recevra des coups de Taser pour avoir osé faire des courses en période de confinement. Au final, elle sera emmenée au commissariat et mise en cellule durant une heure avec un vieil homme sous prétexte que "Tiens, rentre là-dedans choper le coronavirus." A l'heure de la publication de l'article, elle doit se contenter de ceci :
"Trois mois plus tard, la jeune femme ne comprend toujours pas pourquoi elle a été frappée, humiliée et placée en cellule. Elle s’en veut d’avoir fait une pause, de s’être arrêtée à la hauteur d’un fourgon de police. Son petit frère est traumatisé, confus : « Pour lui, les policiers, c’étaient des gentils. Maintenant, ce sont des méchants. » Elle espère qu’un procès lui permettra d’obtenir des réponses, d’être reconnue en tant que victime, d’obtenir justice."

Troisième cas, Madame Diallo. On est loin du confinement puisque l'histoire se déroule en 2015. Sans plus de raison valable : "un fourgon de police passe, s’arrête, les agents alignent les gamins face au mur, les fouillent et contrôlent leur identité." Son fils sera embarqué au commissariat alors que Madame Diallo propose aux agents de police racistes d'aller chercher les papiers d'identité du jeune homme restés dans son logement. Le fils de madame Diallo sera tout de même embarqué au commissariat. Ce "simple" contrôle d'identité n'attendra pas le retour de la mère. Au commissariat, cette femme se battera pour faire sortir son fils interpellé sans raison. Une fois sorti, son fils sera victime de représailles de la part des flics, tels de vulgaires voyous :
"« Je n’entends pas ce qu’il se passe mais je vois les policiers contrôler mon fils et lui écraser la tête contre le mur. » Le jeune de 16 ans se débat, il est mis au sol, menotté et frappé par cinq gardiens de la paix."

Ces témoignages sont des témoignages de violences policières où ni la police, ni l'IGPN n'a donné suite pour le moment. Hasard du calendrier, le site StreetPress publie également un résumé des actes racistes commis envers 39 personnes dans la ville d'Argenteuil. Dans ce récit, on retrouve les mêmes gestes : baffes, obligation (non légale) de déverrouiller le téléphone, violence supplémentaires car le téléphone déverrouillé n'amène à rien (logique...). On y comprend, comme dans "Faites entrer l'accusé", que le "gang à la Skoda noire" n'est que la "Brigade Anti Criminelle"...

N'en déplaise au ministre de l'Intérieur, les violences policières existent, verbalement, physiquement ou psychologiquement (je n'arrive pas à imaginer l'état d'un enfant de 14 ans à qui des policiers diraient "Si je te revois traîner, tu es mort !"). Étrangement, aucun autre ministre ne défend ses employés autant que le Ministre de l'Intérieur. Par exemple, dans l'Education Nationale et dans l'Enseignement Supérieur, ce sera "l'intérêt" de l'enfant, la compétitivité et l'autonomie des établissements qui seront protégés, au détriment des femmes et des hommes qui travaillent. A l'Intérieur, c'est l'inverse. Peu importe le fonctionnement raciste, sexiste, homophobe, l'important est de protéger les employés a contrario des autres ministères qui chercheront à mettre en avant leur public pour leurs réformes contestées (en décrypté : on ne touche pas au racisme institutionnalisé dans la Police mais on le combat à l'école).

Pour rassurer les aveugles qui ne veulent pas voir, oui ces comportements se produisent partout et tout le temps. Ce n'est pas l'apanage du ministre Castaner, ni de la France. En revanche, il est inadmissible qu'un ministre continue de cautionner ces actes. Il est inconcevable qu'il puisse exister une "police des polices" qui n'est rien à redire à ces témoignages. Il est hallucinant que des gens continuent à dire que certains délinquants sont morts à juste titre uniquement parce qu'ils avaient enfreint la loi. A tous ces gens, je leur propose de penser à leurs enfants, neveux et nièces, et toutes autres progénitures, afin de voir s'ils accepteraient tant de violence pour un geste hos la loi, aussi dangereux, aussi impliquant soit-il.

Je suis fier de l'abolition de la peine de mort prononcée par la Justice, ce n'est pas pour devoir subir par des personnes (représentant la justice ou l'ordre) un droit de punir par la mort ou par la violence tout délinquant pris sur le fait.

En attendant une prise de conscience des différentes directions nationales et régionales, il est difficile de conclure ce billet par 4 autres lettres que ACAB. Certes "Not all men", donc "Not all cops" mais si cette assertion déplait, alors agissez plutôt que de fermer les yeux.

lundi 8 juin 2020

Conclusion

Nous y sommes. On voit le bout de ce confinement. J'avais laissé une vie normale un dimanche soir de mi-mars. Il aura fallu attendre début juin pour commencer à retrouver cette normalité. Certes tout n'est pas exactement comme je l'avais laissé il y a près de trois mois. Le temps est un peu plus maussade (un comble !), le second tour des élections municipales approchent, on se croirait presque fin mars...

Depuis une semaine, la vie normale reprend doucement. Grande Fille a retrouvé avec joie sa crèche. Ses journées ne sont pas vraiment les mêmes que la dernière fois qu'on a quitté la crèche, quelques jours avant l'arrivée du printemps. A la crèche, on ne l'accompagne plus jusque dans sa salle, on se fait des bisous à travers mon masque pour se dire au revoir. Le soir, on récupère une fille heureuse et un mot lu par la directrice qui résume la journée. C'est un peu plus froid qu'avant, un peu à l'image de la météo actuelle.

Mon déconfinement ne devait commencer qu'à la réouverture des bars et des restaurants. Tous ne répondent pas encore présent, mais dès mardi j'ai pu retrouver ces petits plaisirs. Une entrecôte et une pinte de blonde auront été mon premier repas dans une terrasse qui afficha complet dès 12h30 (j'aurais cru qu'il y aurait eu plus de monde plus tôt). Le jeudi soir, j'ai aussi pu retrouver le plaisir de ces soirées entre amis. Même pour des taiseux, il y en a des choses à dire sur les derniers mois passés ! Quelques bières en terrasse, puis un diner dans un environnement un peu venteux mais chaleureux.

Pour fêter ce déconfinement, j'ai investi dans un vélo. C'était une volonté qui datait d'avant la crise pour me permettre de continuer un entrainement sportif sans mettre trop à mal mes genoux. Mais aujourd'hui il risque de servir plus que prévu. Comme beaucoup de personnes, je vais utiliser ce vélo pour me rendre par moment au travail. Il faut avouer qu'il est bien plus plaisant à piloter que ce bon gros Vélib que j'ai tant utilisé et que je continuerais surement à prendre de temps en temps. Ce sera pratique tant que les transports en commun ne seront pas suffisamment rassurant car je suis tout de même attaché à ces petits moments de lecture quotidiens dans le RER.
Pour le moment je continue à travailler de chez moi mais nous allons organiser un retour progressif dans les locaux. On devrait se limiter à 25% du personnel dans un premier temps. Ce jeudi sera mon premier jour. Je ne pense pas y retourner régulièrement avant début septembre mais j'ai hâte de voir à quoi ressemble en vraie l'organisation mise en place pour limiter les contacts.

Ce premier week-end de déconfinement pour ma famille est aussi le retour des parcs et des aires de jeux. On a retrouvé notre Jardin des Plantes et Grande Fille a hâte de retrouver les animaux de la ménagerie. Les toboggans sont toujours là et même si je ne suis pas vraiment sûr qu'on ait le droit de les utiliser, le sourire et la joie de Grande Fille sur les jeux m'avaient manqué. Ce week-end nous avons aussi célébré un autre déconfinement, celui du parvis de la cathédrale Notre-Dame. Plus d'un an que nous n'avions pas pu nous y rendre. Avec ce déconfinement c'est vraiment un retour vers notre vie d'avant qui débute.

Ce déconfinement débute, ce blog va prendre une autre forme. J'ai pris beaucoup de plaisir à mélanger vie privée et commentaires d'actualité sur ce confinement. Je suis heureux d'avoir tenu mon pari personnel de n'écrire que des billets avec un titre commençant par "Con" ou "Com". Une quarantaine de billets pour raconter une sorte de quarantaine collective, c'est un joli symbole. J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver l'écriture. Même si le rythme n'est pas simple à tenir, je pense, j'espère réussir à continuer à faire vivre ce blog. Après tout, on est toujours le con de quelqu'un, et j'ai l'impression que je vais encore avoir beaucoup de choses à dire, il faut juste que j'arrive à trouver le temps.

Ce billet est donc plus la conclusion d'un chapitre que l'épilogue d'une histoire.

samedi 30 mai 2020

Consignes

Mardi matin Grande Fille reprendra le chemin de la crèche. J'ai hâte mais je me demande tout de même à quoi ressemblera cette "rentrée". Comment sera l'ambiance ? A quoi ressemblera une journée (bon cette question je me la pose même hors période exceptionnelle). Les transmissions et le dialogue entre le personnel encadrant et les parents peut-il se faire sereinement avec la distanciation nécessaire ?
En préparation du 11 mai, j'avais reçu une série de consignes pour la crèche, j'imagine qu'elles sont toujours d'actualité. La plupart d'entre elles s'appliquent ou s'adaptent à pas mal de situations de la vie courante quand on a des contacts avec l'extérieur, je vous en partage donc quelques unes.

La première consigne, simple et basique, est de ne pas de pointer à la crèche si on présente le moindre symptôme du COVID-19. En revanche il est fortement conseillé de consulter son médecin. Si on ne présente pas de symptôme, nous pouvons aller à la crèche. Ce ne sera pas en famille, un seul parent est accepté. De même il est demandé de ne pas venir avec les frères et soeurs. Cette restriction semble logique mais j'imagine que les familles qui viennent avec tout le monde, c'est aussi parce qu'il n'y a pas vraiment d'autre solution. Le matin, il faut amener tout le monde à l'école. Si l'école n'accueille pas les enfants ou si elle a des horaires décalés, que faire de l'enfant ? Les parents ne vont pas le laisser seul à la maison pendant que l'un d'entre eux va chercher le tout petit.
Avant d'aller à la crèche il nous faudra prendre la température de Grande Fille tous les matins pour la communiquer au personnel. On en a profité pour acheter un thermomètre à infrarouge pour éviter de longues batailles pour la mesure de la température toujours plus compliqué avec un thermomètre traditionnel. Surtout que le matin, chaque minute sera comptée. On nous demande de respecter notre créneau horaire d'arrivée. Cette consigne semble assez sérieuse puisqu'on nous a bien dit qu'il y avait une famille 5 minutes avant nous et une autre 10 minutes après nous. Ce sera la première fois qu'on va devoir respecter un horaire pour l'arrivée à la crèche. Nous qui avions l'habitude de trainer un peu en chemin avec Grande Fille en faisant du vélo ou en regardant les alentours... Ce sera pour nous une bonne préparation pour la rentrée à l'école maternelle de septembre où j'imagine que les horaires d'accueil sont aussi assez stricts.
Une fois à la crèche, le port du masque est obligatoire pour le parent, ainsi que l'utilisation du gel hydroalcoolique en entrant dans l'établissement. Même avec ces précautions, nous n'aurons pas le droit d'entrer dans les salles, tout se passera dans le hall d'entrée. Je suis curieux de voir l'organisation du personnel pour gérer l'accueil dans le couloir et les enfants dans les salles.

Ce genre de consignes sont mises en place un peu partout. Les entreprises ont toutes mis en place des sens de circulation dans leurs locaux pour éviter les rencontres. Ce qui peut poser problèmes aux personnes ayant des handicaps. Docteure me disait qu'à sa faculté, ils sont en train de préparer la rentrée avec le même genre de consignes. Une de ses collègues est aveugle et est guidée par un chien. Elle ne pourra donc pas revenir en présentiel tant que ces consignes s'appliqueront. Son chien est formé pour la guider vers les portes, pas pour suivre un parcours fléché jonché de sens interdit. De la même façon, sa cécité implique qu'elle doit toucher constamment le mobilier, tant de gestes proscrits. J'imagine qu'on peut surement faire une exception pour le sens de circulation en revanche c'est surement plus compliqué pour le côté tactile.

J'attends aussi de découvrir les consignes pour profiter des restaurants, du moins de leur terrasse dans un premier temps. J'imagine les serveurs obligatoirement masqués. Leurs conditions de travail ne seront pas optimum et j'espère qu'ils n'en souffriront pas trop entre la chaleur du masque, celle de l'extérieur et les distances parcourues entre les tables en terrasse et les cuisines.

La semaine prochaine va débuter mon déconfinement. Ces nombreuses consignes seront là pour me rappeler que la crise n'est pas encore finie. Elles sont aussi là en guise d'encouragement, encore un petit effort et tout ceci sera derrière nous.

jeudi 28 mai 2020

Concret

"Fais les valises, on rentre en Paris !"
Je fais mienne une des célèbres phrases de Georges Marchais. La situation est meilleure qu'à l'époque. Le premier secrétaire communiste aurait prononcé ces mot en 78 à sa femme alors qu'ils étaient en vacances et qu'il entendait François Mitterrand mettre à mal le Programme Commun. Aujourd'hui le déconfinement devient suffisamment concret pour qu'on puisse nous préparer à quitter l'Oise pour rentrer à Paris.

La condition sine qua non était le retour à la crèche. La bonne nouvelle se profilait depuis le début de la semaine. La confirmation est venue ce midi. Grande Fille va retourner à la crèche dès le mardi 02 juin. La crèche avait commencé le déconfinement en accueillant en tout et pour tout 10 enfants tout âge confondu. Plus tard, ils ont réussi à trouver les moyens pour ouvrir une deuxième salle et donc accueillir 20 enfants sur les 45 habituellement. Le 02 juin, ce sont 6 nouvelles places qui s'ouvrent. Si l'idée d'une place se faisait de plus en plus concrète ces derniers jours, il restait les derniers détails d'organisation. Allions nous retrouver la crèche à temps complet ou à temps partiel ? Ce sera un mix des deux. Les deux prochaines semaines, Grande Fille retrouvera la crèche tous les jours. Ensuite on partagera la place avec une autre famille en n'y allant que les 3 premiers jours de la semaine. Nous pouvons retourner à Paris pour télétravailler sans avoir à se préoccuper d'occuper Grande Fille tout le long de la journée. Quant à elle, elle va enfin retrouver des enfants de son âge pour jouer. Elle va aussi retrouver un environnement un peu plus "neutre" où elle ne sera plus la seule star et devra de nouveau partager l'attention. Ça changera des 11 dernières semaines.

Deuxième condition donnant envie de revenir, la réouverture tant attendue des parcs parisiens. C'était une aberration qui durait depuis le 11 mai. Les magasins, les supermarchés, le métro, trois endroits fermés et accueillants du monde avait eu l'autorisation d'ouverture. Les espaces verts parisiens étaient exclus, ce qui provoquait immanquablement des attroupements dans les rares endroits à l'air libre et ouverts. Leur réouverture va nous permettre de retrouver nos occupations du week-end (en attendant la réouverture de la ménagerie du Jardin des Plantes).

Troisième point rendant concret le déconfinement et donnant envie de rentrer à Paris, la réouverture des terrasses des bars et restaurants. Si le reste de la France va retrouver ses restaurants, nous allons nous contenter de nos terrasses dans une premier temps. Je ne pourrais pas encore revoir tous mes restaurateurs préférés mais au moins je vais pouvoir les premiers d'entre eux. J'avais un peu peur de ne pas être là pour leur retour. Non pas qu'être le premier est important mais je voulais leur montrer mon soutien. Je ne les ai pas applaudis à chaque déjeuner et chaque dîner mais le coeur y était. Ils étaient souvent dans nos discussions à table. J'ai vraiment hâte à présent de reprendre des discussions à leur table.

Depuis trois semaines, j'ai retrouvé mes parents après 2 mois sans voir personne. Pour la prochaine étape, je vais retrouver mon chez moi. Je ne vais pas retrouver de suite mes collègues et mon openspace. Je ne vais pas retrouver mes concerts et les festivals non plus. Mais pour la première fois depuis la mi-mars j'ai vraiment l'impression que le confinement approche de sa fin. Il ne va pas falloir faiblir. Les masques resteront un vêtement indispensable pour toute sortie. Je ne me sens pas prêt à retourner dans le métro ou le RER et si je dois retourner ponctuellement au bureau, je privilégierai le vélo. Avec tout ça, avec les premières réservations pour les vacances, le déconfinement se concrétise enfin !

lundi 25 mai 2020

Contour

Deux semaines, voilà deux semaines que le déconfinement a commencé. Si mes calculs sont bons, ça fait donc 10 semaines que nous sommes confinés. Plus de 70 jours que je n'ai pas vu un collègue en vrai. Tout autant de jours que je n'ai pas commandé un plat au restaurant ou une bière au bar. Heureusement que l'apéro quotidien en famille me permet ce doux moment d'hésitation, le temps de choisir entre un verre de Kwak ou un verre de Paix Dieu... Ça fait donc deux semaines que le déconfinement a commencé, une semaine et demi que l'on sait qu'on pourra partir en vacances (en France, pas à l'étranger malgré les appels du pied de l'Espagne) et quelques jours que nous avons la date fortement probable du second tour des élections municipales. Ecrire ce récapitulatif me montre que nous ne sommes pas oubliés, que des nouvelles tombent régulièrement pour dessiner les contours du monde d'après. C'est rassurant surtout que j'ai la nette impression qu'un silence assourdissant entoure les jours à venir.

Peut-être que cette impression est due à mon nouveau mode de confinement. Etant en famille, je ne passe plus mes fins de soirées devant FranceInfo. Cette absence de ressassage des mêmes informations, des mêmes déclarations m'a donné l'impression que notre gouvernement nous avait un peu oublié depuis qu'il nous avait légèrement ouvert la porte le 11 mai dernier. Autre point qui ajoute à cette impression d'abandon, l'absence de mise à jour de la page info-coronavirus du gouvernement. Sa dernière mise à jour est indiquée de façon ostentatoire avec un petit point clignotant. Elle date du 13 mai 2020 à 19h30 ! Il n'y a pas de changement non plus sur la carte de synthèse de l'épidémie dans les départements. Depuis le 7 mai cette carte n'évolue plus. J'ai tout de même un doute sur le fait qu'elle soit toujours mise à jour. Du 30 avril au 6 mai, il y avait des changements de couleur tous les jours. Puis est arrivée la suppression des départements orange et la fixation des régions rouge du nord et de l'est de la France. Pour les habitants de ces régions, rien de neuf sous le soleil, même pas une petite tendance qui viendrait apporter une lueur d'espoir pour le début du mois de juin.

Le gouvernement a promis un nouvel état des lieux la première semaine de juin. Il est donc normal d'attendre. Candidement j'espérais que le 2 ou 3 juin serait la date d'application des nouvelles mesures selon l'avancée ou plutôt le recul de l'épidémie. Ce qui signifiait (dans mon esprit impatient) que cette semaine on aurait déjà des informations à se mettre sous la dent pour esquisser le contour de la deuxième phase du déconfinement. A l'horizon, nous ne voyons toujours rien venir à part le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie...

Nous n'avons donc toujours pas de nouvelle d'une éventuelle évolution des capacités d'accueil de la crèche. Dix semaines que Grande Fille joue seule ou avec ses parents et grands-parents. Heureusement qu'on a migré vers l'Oise, elle a pu retrouver les joies du toboggan (bonheur toujours proscrit à Paris, rappelons le) à défaut de retrouver des camarades de jeu de son âge. Je m'inquiète de plus en plus de la façon dont se passera sa rentrée en septembre si elle finit par rester 6 mois entier rien qu'avec ses parents... La séparation et le changement de rythme risquent d'être violents !

J'espérais aussi avoir un peu plus de nouvelles sur la fameuse restriction des 100 km. Pas spécialement pour moi, maintenant que j'ai bougé à 75 kilomètres de mon domicile. Mes vacances d'été sont prévues pour août. On vient de réserver une semaine en plein département rouge. L'espoir nous fait dire que ces restrictions auront pris fin d'ici là. J'attends la fin des 100 km pour tous mes proches qui aimeraient retrouver leurs habitudes et leurs familles qui dans le sud, qui en Bretagne, qui sur la côte Atlantique. Je l'attends aussi car c'est une des rares consignes dont je ne comprends pas l'intérêt. Je me dis que si son sens est abstrait, il y a des chances qu'elle soit la première à sauter début juin.

Devant cette absence (relative) d'informations, vivement qu'on en sache plus sur les contours de notre prochaine phase de déconfinement. Au pire il y a encore une semaine à attendre. Qu'est-ce que 7 jours quand on en a déjà 70 derrière nous ?

En attendant, une chanson qui me donne toujours la pêche, plutôt utile en début de semaine :

dimanche 24 mai 2020

Contusion

Je viens de finir une semaine assez étrange. C'était la semaine de reprise après une semaine de vacances. Ce devait être une petite semaine grâce au pont de l'ascension. Au final, ce fut une semaine difficile. Une légère contusion musculaire m'a bloqué le haut du dos mardi et j'ai eu le droit à une "deuxième vague" le vendredi. Au revoir footings et balades en forêt, bienvenu à l'arrêt forcé tout en essayant de ne pas rester immobile. Cette douleur ne permet même pas de bien me reposer. Le pire c'est que j'ai l'impression d'avoir réussi à me bloquer le haut du dos les deux fois en écrivant un billet de blog... Un journal de confinement dangereux pour la santé, qui l'eut cru ?

Pendant que je me rétablissais à coup de chaufferette, de douches chaudes et de massage, je suis tombé sur un tweet merveilleux de mon ministre de l'Intérieur préféré. L'homme, surement un peu à cran en attendant la réouverture des boites de nuit, a réagi vivement à une interview de Camélia Jordana dans l'émission "On n'est pas couché". Samedi soir, l'actrice et chanteuse évoquait les violences policières : "Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j'en fais partie. Aujourd'hui j'ai les cheveux défrisés, quand j'ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. Vraiment. Vraiment". C'est sur cette citation que Christophe Castaner réagit en disant que ce sont des propos mensongers !

Tout d'abord cher ministre, un ressenti ne peut pas être mensonger ou du moins ne peux pas être qualifié comme tel par une tierce personne, tout ministre fut elle. La réaction était attendue (et ne s'est pas fait attendre) de la part des community managers des syndicats de police. Ils nous montrent régulièrement l'étendue de leurs bêtises dans leurs commentaires sur Twitter. On aurait pu s'attendre à un peu plus de retenue de la part d'un ministre, mais pas de ce ministre qui a toujours nié l'existence des violences policières...
En octobre 2019, il n'était pas choqué en tant que ministre devant les images d'un policier aspergeant de gaz lacrymo le visage d'un pompier manifestant.
En août 2019, il défendait, voire même décorait, le probable assassin de Zineb Redouane (ou un de ses complices) en disant "qu’on n’accuse pas la police d’avoir tué quelqu’un, qu’on ne la traite pas d’avoir assassiné quelqu’un, ça n’est pas le cas".
Toujours en 2019, alors qu'on lui montrait un policier en train de matraquer la tête d'un gilet jaune, il commentait la scène ainsi : "Il n'y a pas d'image de violence policière, il y a une scène où un policier dans l'action, au moment d'une charge, a effectivement poussé quelqu'un".
C'est aussi ce ministre qui disait sur France Inter : "Arrêtons de parler des violences policières (...) Je ne connais pas de policiers qui attaquent les manifestants" !

Pourtant il n'y a rien de nouveau sur le fait qu'en banlieue les gens ont peur de la police. Sans vouloir faire un rappel des nombreuses bavures et violences volontaires exercées par les forces de l'ordre, on a aussi des traces dans la culture populaire (avec un peu de chance ça parlera un peu mieux à ce gouvernement qui écoute Bigard pour prendre des décisions). Dans La Haine, un flic dit "La majorité des flics dans la rue, ils sont pas là pour vous taper, ils sont là pour vous protéger !" mais un jeune lui répondait déjà : "Ah ouais, et qui nous protège de vous ?".
Plus léger, Jamel évoque aussi cette peur dans son sketch pourquoi tu cours : "Mais pourquoi tu cours? Parce que tu cours. Mais j'cours parce que tu cours! On a qu'à arrêter de courir, alors. Moi, j'ai pas confiance".

La nouveauté vient peut-être que cette crainte s'est propagée dans le reste de la population. Il n'y a presque plus une manifestation sans son lot de violence gratuite de la part de la police. Le large emploi du gaz lacrymo à tout bout de champs (sur des manifestants calmement assis sur un pont, sur des manifestant d'EDF lors d'une manifestation on ne peut plus calme et peu peuplée, etc.), les emplois injustifiés des lanceurs de balles, les constitutions de nasses, les poursuites au sein des hôpitaux et d'autres méthodes ont fait que tout manifestant a aujourd'hui peur de la police lorsqu'il se rend à un rassemblement.
Dans la vie quotidienne, s'il n'y avait pas de problèmes de contrôles au faciès (comme s'en plaint Camelia Jordana), il n'y aurait pas tant de demandes pour la mise en place d'un récépissé, demande formulée également par le Défenseur des droits. Camelia Jordana est tellement dans le mensonge que même la Cour de cassation a confirmé la condamnation de l'Etat pour des contrôles au faciès. La Ligue des Droits de l'Homme a encore déposé une plainte contre le racisme des policiers il y a un mois. La liste de ses communiqués sur le sujet est impressionnante, avec par exemple (et uniquement en 2020) :
  • celui contre la violence des contrôles durant le confinement,
  • celui contre l'emploi des différentes grenades,
  • celui contre le placage ventral (technique fatale pour Adama Traoré, Mohamed Boukrourou, Mohamed Saoud, Lamine Dieng, Abdelhakim Ajimi et Cédric Chouviat).

Non monsieur le ministre de l'Intérieur, il n'est pas mensonger de dire que votre police est violente. Oui elle l'était avant que vous arriviez et elle risque fort de continuer à l'être, surtout si vous et vos successeurs continuez à vous confiner dans votre aveuglement. Il n'est donc pas mensonger et encore moins anormal d'avoir peur de la police.

samedi 23 mai 2020

Comparution

Durant cette période de confinement, j'ai réussi à trouver le temps de lire des livres que je ne lis pas habituellement. Ce sont des livres que je préfère lire pendant mes vacances car ils sont soit beaucoup trop volumineux pour être embarqués dans les transports en commun, soit trop anciens et j'ai peur de les abimer. Ils ont cette fois-ci le point commun de parler de la période communiste et de la comparution de communistes convaincus dans les procès fous voulus par Staline.

Le premier ouvrage, je l'avais commencé l'été dernier (La maison éternelle de Yuri Slezkine aux éditions de La Découverte). Un énorme livre (1 296 pages) racontant toute l'histoire de l'URSS en suivant des dizaines de familles communistes de premier ordre vivant dans ce batiment appelé aussi "Maison sur le quai". Il s'agit d'un immense immeuble construit dans un marécage au coeur de Moscou, prévu pour accueillir les plus grands dignitaires communistes. On y apprend par le détail la façon d'envisager l'éducation (pour que les futures générations soient composées que d'hommes et de femmes parfaits), l'amour et la famille (les différents visions sur le mariage, les nombreux divorces, les familles recomposées), la jeunesse, la culture (l'importance de la littérature et du théâtre et leur utilisation politique). Ce livre suivant les traces de grands communistes, il ne peut pas faire l'impasse sur la folie des purges staliniennes (les 2/3 de l'immeuble auraient été visés à un moment ou un autre). Comment certains font actes de repentance pour avoir oser former des courants minoritaires au sein du parti communiste, comment tous ont vécu dans la crainte de l'arrestation, du procès, de l'emprisonnement et surtout de la déportation, l'importance de l'assassinat de Kirov, des premiers procès de Zinoviev et de Kamenev, de Boukharine). On lit aussi les conséquences pour les familles (femmes et enfants, frères et soeurs) de ces "traitres" à la patrie. C'est un livre grandiose pour quiconque s'interroge sur la vie en URSS selon le modèle communiste car toutes ces personnes n'avaient qu'une seule exigence, vivre et élever leurs enfants comme de bons communistes. Malgré tous ces efforts, ils finissent presque tous coupables, emprisonnés, déportés, exécutés. Je suis toujours fasciné par l'organisation, par la construction de cette volonté de purger tout un pays de ses meilleurs éléments pour asseoir un pouvoir et le rendre incontestable. Je me demande comment les réflexions et les discussions ont évolué pour arriver à un tel résultat.
Dans ce livre Yuri Slezkine compare le communisme aux autres grandes religions qu'il appelle "sectes millénaristes" car tous ont en commun la promesse d'un monde meilleur, la création d'un homme parfait et la construction d'un monde meilleur. En suivant cette comparaison, la vitesse de mise en place du communisme en Russie, les progrès atteints en à peine une génération sont incroyables. Les pertes et les sacrifices le sont encore plus.

Le confinement durant, j'ai enchainé sur l'Aveu d'Artur London. J'ai "hérité" d'une édition que l'auteur avait dédicacée à une communiste résistante et déportée à Mathausen comme lui. Dans ce livre, l'auteur, vice-ministre tchécoslovaque des Affaires Etrangères au début du livre, ancien des Brigades Internationales en Espagne, ancien résistant en France puis déporté en Allemagne, explique l'enfer qu'il endurera pendant 4 ans dans les prisons de son pays. On y apprend les tortures subies durant deux ans pour monter de toutes pièces un procès contre un pseudo centre d'espionnage contre l'Etat puis les conditions de détentions effroyables vécues les deux années suivantes en luttant pour sa libération et la sécurité de sa famille. Dans cet ouvrage, on y voit l'amour et la confiance absolu des militants communistes pour leur parti. On découvre qu'une femme peut demander le divorce car elle préfère vivre comme une bonne communiste plutôt que de vivre aux côté d'un traitre au communisme. J'y découvre qu'à l'époque le PCF était si influent qu'il était acteur d'une diplomatie parallèle avec les "pays frères".
Le plus effrayant est que le procès paraît plus vrai que nature : les accusés sont jugés au sein d'un vrai tribunal, avec un véritable juge, un procureur, ils sont défendus par des avocats. Pourtant ce procès est une pièce de théâtre où chaque acteur récite mot à mot le texte choisi par les émissaires soviétiques. Résultat, la presse couvre le procès et personne à l'extérieur ne peut deviner que les aveux sont faux et que l'issue est truquée. La situation est pire que nos "fake news", nos "ça ne peut être que vrai ils l'ont dit sur facebook" puisque tous les médias de référence ne peuvent que tomber dans le panneau. En lisant ce récit, je ne pouvais m'empêcher de penser que si la situation se reproduisait, nous ne pourrions que très difficilement le savoir. Des lanceurs d'alerte crieraient au complot mais seraient relégués au rang de vulgaires hurluberlus. De sages journalistes décrypteraient le tout et prouveraient par "a + b" le faux complot puisque dans les procès verbaux, dans les récits des journalistes présents, dans les aveux des accusés, tout coïncident. Des hordes de twittos s'acharneraient sur ceux qui reviendraient sur leurs dépositions en ressortant toujours et toujours les mêmes tweets, les mêmes extraits, les mêmes images d'archives. En lisant, je repensais aux Ze et à ces fous, ex soutiens de Hollande et à présent chiens de garde du macronisme. Je me demandais (et me demande toujours) s'ils ont conscience que leur comportement n'est que l'adaptation du stalinisme au XXIe siècle...

Toute cette lecture historique est passionnante. Elle permet aussi de mettre en comparaison l'époque dans laquelle on vit avec ce passé pas si lointain. Dans l'actualité judiciaire du moment, de nombreuses plaintes ont été déposées pour faire comparaitre nos gouvernants devant la Cour de Justice de la République (CJR). Le 20 mai, il y avait plus de 100 plaintes contre le gouvernement ou contre X pour mise en danger de la vie d’autrui (punie d’un an de prison), ou parce que le gouvernement se serait abstenu "volontairement de prendre les mesures permettant de combattre un sinistre de nature à créer un danger ou un risque pour la sécurité des personnes". Je suis un peu gêné par tout ça. Tout d'abord gêné par le fait que cette CJR existe toujours alors que c'était une des promesses de François Hollande d'y mettre fin. Pour cela il aurait fallu qu'on assiste à cette tant attendue tentative de réforme de la constitution qui aurait permis aux étrangers de voter aux élections locales et donc de mettre fin à cette justice d'exception.
Ces plaintes me gênent car si je suis assez convaincu que ce gouvernement n'a pas toujours fait les bons choix ou pas au bons moments, ce n'est pas à la justice de le sanctionner mais aux Français dans les urnes. J'ai l'impression qu'une plainte contre nos ministres (le chef de l'Etat est intouchable) n'aurait éventuellement du sens qu'après la tempête, si des enquêtes montraient qu'il y avait une volonté délibérée de nuire à la santé des Français en leur cachant des informations. Je ne pense pas que la tenue du premier tour des élections municipales ou le non renouvellement du stock de masques soient des pénalement répréhensibles. Je suis plutôt en phase avec Laurence Rossignol quand elle dit qu'"il ne faut pas confondre faute pénale et faute politique. C’est pourquoi je suis favorable à une commission d’enquête parlementaire, qui devra dire ensuite si des infractions pénales ont été commises."

Pour finir sur ce billet "lecture et justice", juste avant ce confinement, j'ai lu la magnifique autobiographie de Henri Leclerc (La parole et l'action, Fayard), avocat pénaliste et ancien président de la Ligue des Droits de l'Homme. Au fil des chapitres, l'homme montre ce qu'est être militant (au PSU et à la LdH). Il y décrit de la plus belle des manières le métier d'avocat, l'ambiance des procès. Je pense que si j'avais lu ce livre étant adolescent, je serais devenu avocat.