lundi 1 mars 2021

Condamné

 Libé a réveillé le Landerneau politique ce week-end en faisant sa Une sur les électeurs du 7 mai 2017 "honteux et confus, jurant mais un peu tard qu'on ne les y prendrait plus". A un peu plus d'un an, les langues se délient, à défaut de sondage, et une grande partie de la Gauche ayant participé au "barrage républicain" du 7 mai 2017 se refuse d'envisager le même sort. Sans trop de surprise, je suis de cette Gauche. J'en suis car depuis 2002 je jure moi aussi qu'on ne m'y reprendra plus (et pourtant on m'y a repris 15 ans plus tard).

Rempart en 2002 contre Le Pen Père, j'ai vu les gouvernements de Chirac mettre tout doucement en place la petite musique du Sarkozysme. Elu massivement par des citoyens attachés à leur République, le quinquennat fut un calvaire sans nom qui servit de rampe de lancement à Nicolas Sarkozy (à qui je dédie le titre de ce billet). Un Front Républicain ne peut fonctionner que si l'on prend en compte toutes les composantes de ce Front et pas uniquement ses voix le jour du scrutin.

En 2015, lors des régionales, ayant bien conscience d'avoir déjà donné pour rien ma voix contre le Front National, j'étais bien content de ne pas être électeur en région PACA ou Hauts de France et ne pas avoir à subir le retrait de mon camp. A l'époque j'écrivais un billet déplorant le principe de "désistement républicain". On notera que dans le Sud, c'est Christophe Castaner qui acceptait l'absence de représentant de gauche au second tour pour laisser la place à Christian Estrosi accompagné à l'époque du Modem, allié d'En Marche aujourd'hui. En 2015, nous faisions face à un drôle de Front Républicain où la Gauche acceptait de se retirer pour laisser la place à un duel Droite contre Extrême-Droite là où l'on sait très bien que la dite Droite n'aurait jamais fait de même.

En 2017, l'effondrement des Gauches et de la Droite traditionnelle laissait un boulevard pour ce jeune candidat révélé par la Gauche. Je dois l'avouer, c'est cette caution qui m'a convaincu de lui donner ma voix au second tour quand je jurais sur tout ce qui m'est cher que je ne voterai pour aucun des candidats si le duel final devait avoir pour affiche Le Pen Fille et Fillon. A l'époque je savais déjà qu'un pseudo programme "ni de gauche ni de droite" était promesse d'une politique "de droite et de droite". Naïf, j'avais encore espoir que cette jeune troupe biberonnée à la droite la moins réac socialement et à la gauche la plus à droite économiquement donnerait une politique économique de droite mais avec un certain respect des gens. 

Après presque 4 années passées, je ne peux que m'avouer berné. Nous avons depuis mai 2017 un président n'hésitant pas à aller aussi loin (pour ne pas dire plus loin) que Fillon sur certaines réformes (suppression de l'ISF, réforme de l'assurance chômage) mais qui n'hésite pas non plus à suivre les thèmes de l'extrême-droite (sécurité globale, séparatisme) allant même jusqu'à reprendre leur mépris pour le savoir et le monde de la recherche en sciences sociales. Ce gouvernement méprise l'écologie (glyphosate, néonicotinoïde et dernièrement la non prise en compte des travaux du Conseil Citoyen pour le Climat), méprise les jeunes (les propos de Macron, la baisse des APL, le refus d'autoriser les RSA pour les moins de 25 ans) et brutalise manifestants et migrants.

En réaction au dossier de Libé, les Marcheurs essayent de faire croire que cette Gauche est en perte de ses repères, qu'elle a oublié ses luttes historiques. Au contraire, c'est parce que ces gens de Gauche se souviennent de pourquoi ils sont de Gauche qu'ils ne veulent plus tomber dans ce piège. Ce n'est pas encourageant des Darmanin, Blanquer, Vidal à reprendre les thématiques d'extrême-droite de Le Pen ou Zemmour que la Gauche se sentira protégée des actions du FN. Ce n'est pas parce qu'on s'autoproclame porte étendard de la lutte contre l'extrême-droite qu'on lutte réellement. Leurs faits et gestes sont plus éloquents que leurs paroles.

En revanche, cet article envoie un véritable signal d'alarme à Gauche. Si les électeurs ne sont pas prêts à participer au remake du 7 mai 2017, cela signifie qu'ils attendent un vrai rempart à gauche et non pas une multitude de citadelles éparpillées sur la carte politique française. Cet article condamne la Gauche à s'unir. A s'unir pour gagner la présidentielle ou au moins à faire bonne figure, mais aussi à s'unir pour la législature qui accompagnera le prochain quinquennat. Cela signifie que l'union devra porter plus loin qu'un candidat unique à l'élection présidentielle pour proposer également un véritable accord programmatique avec des points de passage obligatoires et des lignes rouge à ne pas franchir. Ce cadre programmatique devra permettre aux élections législatives de 2017 de dessiner plus finement la physionomie de l'Assemblée Nationale qui aura alors le champ libre pour débattre des futures lois et des futurs aléas pouvant survenir dans un quinquennat tout en ayant un cadre et un ordre de mission clair.

C'est un magnifique appel que nous, électeurs de Gauche, lançons aux partis de Gauche. Via ces témoignages, nous disons que le duel Macron - Le Pen n'est pas la seule issue possible encore faut-il qu'un véritable travail en commun soit réalisé.

dimanche 15 novembre 2020

Complot

Les avis convergent et sont de plus en plus nombreux. Il est clair que nous faisons face actuellement à un petit virus pas plus dangereux que la grippe saisonnière. Ce virus pas si dangereux a été créé par des savants fous pour tuer la moitié de la planète. Ce virus mortel qui ne tue pas ne s'attaque qu'aux populations les plus pauvres car les puissants de ce monde sont protégés par un vaccin qu'ils gardent pour eux. C'est pourquoi il faut absolument refuser de se faire vacciner sinon on va nous implanter des nanopuces pour suivre tous nos mouvements mais pas ceux de l'élite mondiale qui dirige le monde. D'ailleurs c'est clairement l'élite mondiale qui est à l'origine de ce vaccin pour pouvoir mener sa politique ultracapitaliste sans être dérangé par les opposants. Ce n'est pas une coïncidence si le premier pic a été constaté en Chine, pays ultracapitaliste par excellence. Puis Macron, embourbé par la crise des Gilets Jaunes, a importé le faux virus pour cloitrer tout le monde chez soi le temps de faire passer ses réformes impopulaires comme la réforme des retraites. Cette soit-disant épidémie lui a offert également sur un plateau la grande victoire aux municipales ancrant définitivement son parti dans le paysage politique local. Devant ce coup de génie, les démocrates américains ont aspergé le pays du coronavirus afin de gagner l'élection présidentielle. En faisant croire à une épidémie, ils ont convaincu les observateurs que le vote par correspondance allait battre des records de volume. C'est bien sûr pour ça que Donald Trump ne croyait pas à l'existence de ce virus et conteste à présent sa défaite. 

Ceci n'est qu'un aperçu des théories complotistes autour du covid. Je n'ai pas évoqué les masques qui asphyxient les enfants, ni le confinement qui ne servirait à rien. C'est assez logique que le confinement ne servent à rien puisque le virus ne tue pas et que les hôpitaux ne sont pas surchargés. En revanche pourquoi les capitaines capitalistes des grandes entreprises mondiales ont-ils cherché à enfermer chez eux des millions de personnes à travers le monde, les empêchant ainsi de consommer ?
Ces deux théories complotistes montrent aussi qu'il est difficile de discuter avec les adeptes des théories du complot. Un bon complot remet en question de nombreuses données, pose de nombreuses questions. Mais quand on essaye de démontrer avec des données chiffrées, des études scientifiques, nos complotistes hurlent à la liberté d'expression. Pour eux hors de question d'écouter les réponses, les explications. Ils s'attachent à leurs fausses données qu'ils mettent en avant comme étant une opinion qui va à contre-courant de la majorité alors qu'il ne s'agit que d'une contre-vérité. Une opinion qui va à contre-courant de l'idée générale est que François Hollande est un bon président. On est dans le subjectif, un bilan sera toujours soumis à interprétation. L'idéologie des uns et des autres donnera un avis différent. Nous avons donc à faire à une opinion. En revanche un nombre de patients diagnostiqués est un fait et non une opinion. Une étude médicale sur l'impact d'un médicament est un fait, non une opinion. Sur ce point, un danger persiste, il faut savoir lire un document scientifique. Les chiffres ont un sens si on les prend dans leur contexte. Une spécialité complotiste est donc de les sortir de leur contexte ou de les utiliser à mauvais escient. 

En écrivant tout ceci, je mesure l'inutilité de ce billet. Aucune personne accrochée à sa théorie complotiste va dévier de celle-ci sans une cruelle déconvenue. Je n'imagine pas les "non croyants" du COVID accepter la réalité sans passer par la case réanimation. Pire, ils risquent de se faire tester  positif suite à une poussée de fièvre et rappeler à qui veut l'entendre que leur contamination ne les a pas gêné. C'est un peu comme si une personne qui a une gastro réfute toute possibilité de finir aux urgences pour déshydratation tout simplement parce qu'il en est sorti avec un simple Smecta. Si j'écris ce billet, c'est surtout que je m'interroge sur ce qui peut pousser à suivre certaines de ces théories. Je peux comprendre ceux qui s'accrochent aux fausses informations qui donnent de l'espoir ou qui vendent une vie meilleure, comme l'inutilité du confinement. En s'accrochant à cette idée, associée au fait que notre gouvernement est plus qu'un piètre communicant sur la situation de crise, on peut croire que le confinement est une vulgaire arnaque. Pourtant les faits sont là et cette carte en est une belle illustration :

Je suis plus perplexe sur les adeptes des théories plus négatives. A quoi ça sert de s'accrocher à l'idée que les tests PCR endommagent le cerveau ou que le futur vaccin contiendra des puces 5G ? La période est assez difficile en ce moment, pourquoi essayer de se la rendre pus dur en voyant des complots visant à éliminer la moitié de la planète ? Surtout que pour éliminer la moitié de la planète, on y arrivera sans trop d'effort si on s'acharne à tuer les abeilles, à rouler en SUV diesel, à vouloir faire des économies d'énergie grâce au gaz de schiste, etc.

Pour finir, quitte à parler théorie du complot, autant poser la question de qui complote derrière les théories du complot. Ces théories ne sont pas gratuites. Le dernier film du genre a gagné près de 300 000 € en financement participatif, une estimation de gains dû aux visionnages payants comprise entre 125 000 et 250 000€. Le complot est un business florissant réalisé sur le dos de naïfs qui sont persuadés qu'on veut leur voler leur argent. C'est peut-être ça le plus triste...

lundi 9 novembre 2020

Contestation

Ce mardi, Grande Fille n'ira pas à l'école. Son école maternelle est fermée, le personnel enseignant ayant décidé de suivre le mouvement de grève nationale dans l'Education Nationale. C'est sûr ce ne sera pas le plus pratique pour nous de devoir télétravailler à deux dans l'appartement et de devoir s'occuper de Grande Fille. Ce n'est pas pour autant que je ne soutiens pas nos maîtres, maitresses, ATSEM et autres personnes travaillant à l'école.

Dans le primaire les syndicats appellent à une "grève d'avertissement". Le Snuipp-FSU indique que « en ne débloquant aucun moyen supplémentaire et en subordonnant la mise en œuvre des gestes barrières à un ‘si c’est possible’, le ministre de l’éducation met en péril la continuité de l’école. » Le Sgen-CFDT n'appelle pas à la grève mais donne pourtant les mêmes motifs d'insatisfaction suite aux dernières sorties du ministre :

Cependant les courriers du ministre ne disent rien des écoles et des collèges. Or si les connaissances épidémiologiques montrent des différences par tranches d’âge en termes de symptôme et de contagiosité, les enfants ne sont pas à l’écart de l’épidémie. Les enfants, les professionnels travaillant à leur côté et leurs familles doivent aussi être protégés non pas du risque zéro qui n’existe pas, mais des situations les plus à risque de transmission. Il en va de leur protection individuelle mais aussi de la réussite de la stratégie de santé publique pour endiguer l’épidémie.

Or dans des écoles, dans des collèges, les problèmes de distanciation en particulier à la cantine, les difficultés voire impossibilités pour aérer les salles de classe existent aussi. Pour le Sgen-CFDT, ces situations doivent enfin être prises au sérieux et des solutions doivent être trouvées.

Il faut cesser de recommander de remplacer un temps de récréation en extérieur par un temps calme en classe. Enfants et adolescent ont besoin de sortir, de bouger, c’est aussi cela qui contribue à leur santé physique et mentale. En outre c’est bien en lieu clos que les risques de propagation du virus sont les plus forts. Sur ce point, le Sgen-CFDT demande la modification du protocole sanitaire.


Comment ne pas soutenir leur mouvement de contestation ? Certes les situations sont différentes selon les villes, les établissements mais le problème général vient d'en haut. Le 20 octobre le Premier Ministre osait affirmer à l'Assemblée Nationale que « l’Education nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire. »
Choyés, mais ce gouvernement refuse de recruter plus de personnel alors que c'est un besoin pour faire face à de futures vagues d'épidémie mais surtout une nécessité pour correctement accompagner tous les enfants. Par exemple j'ai du mal à comprendre comment la maîtresse de Grande Fille arrive à s'en sortir avec ses 28 enfants de Petite Section.
Choyé mais ce gouvernement a rétabli le jour de carence et persiste en pleine période d'épidémie.
Choyé ce primaire, pourtant il "est le parent pauvre de l’école française : 1,2% du PIB consacré au primaire, contre 1,5% en moyenne dans l’OCDE." Comme l'indique le blog L'Instit Humeur "Sur l’ensemble de l’école primaire, les dépenses cumulées pour un élève français sont de 36 977 USD contre 51 145 USD en moyenne ; près de 40% d’écart !".

Je soutiens leur mouvement car cette école est un des derniers endroits de large brassage de population et donc un des endroits où il devient fortement possible d'attraper le COVID. Il est urgent de tout faire pour protéger la santé des enseignant-e-s et des assistant-e-s si on veut que les cours soient garantis le plus longtemps possible. Il faut protéger tant que possible ces enfants si on ne veut pas qu'ils apportent le virus chez eux. Nous sommes tous d'accord que maintenir l'école est important voire indispensable. Mais il ne faut pas que son maintien se fasse à n'importe quel prix et surtout pas au prix de la santé des enseignant-e-s.

Contaminé ?

C'est l'automne, bientôt l'hiver. Les températures sont descendues en dessous de 5°C certains matins de la semaine dernière. C'est donc la saison des rhumes et des angines qui débute. Mais actualité et confinement oblige, au moindre toussotement, au moindre coup de fatigue, on n'imagine tout de suite avoir été contaminé par le virus de l'année.

C'était mon cas ce week-end. Samedi matin je me réveille dans un état de fatigue tel que j'aurais pu croire ne pas avoir dormi de la nuit, il aura fallu des des siestes samedi matin, samedi après-midi et dimanche matin pour retrouver en état de forme normal. La nuit de samedi à dimanche fut compliquée, à cause d'un mal de gorge et d'une légère toux. Un mal de crâne a accompagné mon samedi et mon dimanche matin. Tout de suite, ce fut l'inquiétude. Avais-je attrapé ce satané virus ? Mon seul critère rassurant, je n'avais pas de fièvre. Non malgré mes prises de température toutes les deux heures, malgré l'utilisation de deux thermomètres différents, la fièvre ne venait pas. 

Ce lundi matin, avec Docteure (mais "pas ce genre qui soigne les gens") on s'est posé la question d'envoyer ou non Grande Fille à l'école. Nous ne voudrions pas être à l'origine d'un nouveau cluster. Au final, personne n'ayant de fièvre dans le foyer, mon état s'étant amélioré (malgré cette légère toux), Grande Fille est allé à l'école. Dans le doute, j'ai appelé mon pharmacien pour savoir si ça valait le coup de réserver un créneau chez lui pour un test. Il n'a pas semblé plus inquiet que ça de mon sort. Il me répétait surtout, si vous vivez au contact de personnes à risques alors faites un test pour rassurer votre entourage (et moi par la même occasion). Il m'a aussi avoué son désarroi car il était en pénurie de tests et n'avait pas d'information précise sur une date de prochaine livraison. 

Étant un peu rassuré sur mon état, je me suis tout de même renseigné sur les endroits où passer un test rapidement si je constatais une montée de ma température. Agréable surprise, j'ai vu que sur le parvis de la Gare de Lyon, il y a un centre de dépistage mobile pour toute personne avec une attestation de la CPAM et pour toute personne symptomatique. La prise de rendez-vous se fait rapidement en ligne. J'ai suivi le process jusqu'à avoir la liste des créneaux disponibles et ils sont nombreux si on a 24h devant soi, ce qui est plutôt rassurant. 

Au final si tout semble être rentré dans l'ordre ici, il n'empêche qu'il faut être vigilant. Comme le disait une copine de blog, la menace approche. Le virus est fourbe est profite de tout moment d'inattention. Une connaissance indiquait avoir probablement attrapé ce COVID en faisant le plein d'essence de sa voiture (pourquoi, comment, je ne sais pas) mais dans tous les cas ça incite à rester chez soi en ce moment de confinement général même si on se sent à l'abri dans sa voiture pour aller au travail.

dimanche 8 novembre 2020

Combo

Ce mardi Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a tenté de lancer le combo gagnant : Confinement + Couvre-feu. Immédiatement le chef du gouvernement l'a recadré pour dire que ce n'était pa sà l'ordre du jour même si la préfecture de police de Paris avait émis l'hypothèse. Il semblerait qu'à Paris le confinement ne soit pas correctement respecté, voire même que certains établissements continueraient à accueillir des clients... On notera que ce gouvernement, toujours prompt à mettre en avant le nombre de verbalisations n'évoque pas ici de sanction envers les patrons récalcitrants. A se demander si ces situations existent réellement.

Plus tard cette semaine, la préfecture de Paris et la mairie de Paris ont décidé de durcir le confinement en le combinant avec l'interdiction de la vente à emporter et de la livraison de repas après 22h.  Contrairement à des pleureurs professionnels, je ne m'inquiète pas de comment vais-je faire pour me sustenter le soir (je ne crois d'ailleurs pas avoir commander la moindre fois après 22h). Mais je m'interroge de l'intérêt de la mesure. Considère-t-on qu'il y a plus de risques de contamination ou de création de clusters si le livreur de pizzas nous amène une 4 fromages après 22h qu'à 20h ? Les livreurs ne risqueraient rien entre 12h et 22h en allant d'immeuble en immeuble, de digicode en digicode en revanche après 22h, tous aux abris ?

Ce vendredi, Libération publiait un article montrant que de nombreuses entreprises, tout secteur d'activité confondu, ne respectait pas la règle du télétravail généralisé. Dans ces entreprises, ce sont des consignes de la direction refusant le télétravail (ces interdictions devraient pouvoir être sanctionnées un tribunal) ou un flou volontairement entretenu par les managers pour laisser ceux qui ne veulent pas se confiner. J'avais déjà donné l'exemple de ma boîte. On a battu un record ce jeudi avec 25 personnes présentes.
Autre indice d'un mauvais respect du confinement, le décompte du nombre de cyclistes passant rue de Rivoli. On observe que la fréquentation ne diminue même pas de moitié entre la dernière semaine avant le reconfinement (7906 passages en moyenne) et cette semaine (4612 passages en moyenne). A titre de comparaison, la première semaine d'avril, en plein véritable confinement, il y avait en moyenne 1067 passages par jour (mais à l'époque il y avait moins de cyclistes qu'aujourd'hui). La différence est encore moins marquée Boulevard Sebastopol

Nos autorités (gouvernementales et locales) ont-elles raison de chercher à tout prix de durcir le confinement le soir alors qu'elles semblent être bien permissive envers les resquilleurs au télétravail ? Encore une fois toutes ces décisions manquent de cohérence. Ils cherchent à empiler les mesures à la recherche du combo gagnant sans prendre le temps de la réflexion, sans se baser sur des constats chiffrés. Ou alors ils ont des chiffres justifiant leurs mesures et dans ce cas, présentez les, expliquez les. Au fil des années, tous les gouvernements répètent qu'ils doivent faire preuve de pédagogie pour faire passer leurs réformes. Faites preuve de pédagogie pour vos mesures sanitaires. Et vous verrez que les gens seront plus réceptifs, ou peut être qu'en tentant de les expliquer vous comprendrez qu'elles n'ont aucun sens. Vous éviterez ainsi un certain embarras.

vendredi 6 novembre 2020

Considérations

Alors que nous sommes cloitrés chez nous pour une durée indéterminée, nous pouvons remercier les Etats-Unis pour nous offrir un divertissement capable de nous occuper pendant toute une semaine. En temps normal, je suis déjà fasciné par le processus électoral que ce soit en Angleterre ou aux Etats-Unis (puisqu'il ne faut pas parler de processus électoral anglo-saxon). Chez les Anglais, je suis fan de leurs bureaux de vote, parfois bien moins austères que nos écoles et mairies. Chez les Américains, j'ai toujours beaucoup d'interrogation sur le fonctionnement global de leur démocratie : les grands électeurs qui retirent une partie du pouvoir donné aux citoyens, les élections de mi-mandat qui sont un appel à la cohabitation. 

Dans les deux pays, la journée de vote se passe sur un jour travaillé. Je me suis toujours demandé s'il y avait un véritable intérêt à voter en pleine semaine et non le week-end. Est-ce qu'en partant du principe que la population active étant obligé de sortir de chez elle pour travailler, elle aura plus tendance à faire un crochet par son bureau de vote ?
Mais comment font-ils pour le tenue des bureaux de vote ? En France, il est déjà difficile de trouver des présidents de bureau de vote, des assesseurs pour passer tout leur dimanche à gérer les opérations de vote. Comment font-ils dans ces pays où les salariés ont moins de jours de congés ? Est-ce que ce ne sont que des fonctionnaires mis à disposition par les autorités locales ? Si c'est le cas, comment ces personnes peuvent-elles garantir l'intégrité du scrutin et ne pas être excessivement en faveur du parti de leur employeur ?

Cette année une autre particularité donne tout son intérêt au déroulement de l'élection présidentielle américaine. Son résultat final est en attente du dépouillement des votes par correspondance. En pleine période d'épidémie mondiale, ça pourrait sembler une bonne idée de pouvoir voter depuis chez soi, même si ce mode de vote existe depuis bien plus longtemps que l'arrivée du Covid. Surtout, même en pleine épidémie mondiale, ce vote me semble, avec mon regard de Français, une hérésie démocratique. Le passage dans l'isoloir doit garantir à l'électeur la confidentialité de son vote. Ce passage dans l'isoloir aide, à défaut de le garantir, que le vote est fait selon la seule volonté de l'électeur. En votant à distance, loin du sacro-saint secret de l'isoloir, rien ne garantit que l'électeur n'a pas voté sous la contrainte d'une autre personne. 
Ce vote a distance, via internet, est utilisé en France dans certaines entreprises pour les élections de représentants du personnel. Ca me choque de la même façon même si le processus est bien pratique et permet de voter quand on le veut. Rien n'empêche dans ces situations qu'un chef, qu'un collègue candidat fasse le forcing, soit présent dans le dos du salarié électeur.

J'ai aussi beaucoup entendu des critiques envers les Républicains qui ont agi dans de nombreux états (au niveau fédéral peut-être ?) pour interdire de débuter le dépouillement des votes par correspondance avant la fermeture du scrutin physique, ce délai dans le début du dépouillement ralentissant l'annonce des résultats officiels. Je n'imagine pas comment les états auraient pu garantir l'intégrité du scrutin si le dépouillement avait commencé plus tôt. On voit qu'une large majorité des votants par correspondance est pour Biden (ce qui semble logique vu que dans les dernières semaines Trump critiquait ce mode de vote). Imaginons que certains résultats de dépouillements fuitent avant la fin du scrutin, situation plus que probable dans l'enthousiasme de l'élection. Avec ces fuites, des abstentionnistes se sentant plus proche de Trump que de Biden (ou plus proche des Républicains mais non convaincus par leur candidat) auraient pu se mobiliser pour venir en masse alors qu'ils n'avaient pas prévu de voter initialement, un peu à la façon d'un rappel des troupes de députés avant un vote qui s'annonce difficile dans notre Assemblée Nationale.

Je ne dis pas que notre système électoral est parfait. J'aime beaucoup découvrir les particularités étrangères. Mais sur le système de vote je reste convaincu qu'on n'a pas fait grand chose de mieux que notre bon vieil isoloir et du vote par procuration.

mardi 3 novembre 2020

Compréhension

Ce lundi était mon premier jour de travail confiné, donc de télétravail. On pourrait résumer mon boulot à des réunions en continue qui s'enchainent presque toute la journée. Ca fait donc depuis mi-mars que je passe mes journées au téléphone, même après le déconfinement alors que je passais 2 ou 3 jours par semaine au bureau. Si l'activité de mes collègues est différente de la mienne, rien n'empêche le télétravail. D'ailleurs on avait tous eu l'agréable surprise durant le premier confinement que les équipes fonctionnaient plutôt bien et peu de retard était à déplorer. C'est donc avec confiance que j'aborde cette nouvelle phase de télétravail forcé.

Ce matin j'ai donc eu une belle surprise en découvrant que plusieurs de mes collègues étaient "sur site". Lors de cette première journée de travail, j'ai reçu deux sollicitations pour revenir dans les bureaux, dont une pour une réunion avec une douzaine de personnes ! Je ne comprends pas vraiment ce qui n'a pas été compris dans le terme de confinement. Surtout que je travaille en openspace, dans une petite tour moyennement aérée, avec une fenêtre sur 5 qui s'entrouve et une climatisation qui ne doit que brasser l'air intérieur.

Depuis le début de ce confinement, je parle de confinement light, je signale les légers changements que j'observe. Mais lors du premier confinement jamais nous n'avions plus que deux ou trois personnes dans les locaux, principalement pour faire des tests sur du matériel impossible à faire à distance. J'ai de plus en plus l'impression que ce confinement n'est pas pris aussi au sérieux que le premier. Je suis le premier à saluer les libertés supplémentaires offertes par rapport au printemps. Mais je crains que si on abuse de ces possibilités offertes alors la suite ne sera que plus dure. On l'a vu, notre gouvernement gouverne à tâtons et n'hésite pas à enchainer les mesures de plus en plus restrictives. J'ai l'impression que non convaincu par ses propres actes, le gouvernement n'hésite pas à durcir ses décisions sans même attendre les premiers résultats des mesures précédentes. Le problème est qu'en nous faisant glisser lentement mais surement vers le reconfinement, ce reconfinement n'a, à première vue, pas été perçu comme un choc nécessaire pour lutter contre l'épidémie. Résultat, lorsque le Premier Ministre s'exprime, il ne passe pas un message du type "Restez chez vous" mais plutôt un message de nouvelles restrictions dans la vente de produits considérés comme non essentiels. En prime il s'offre des propos hallucinants sur son refus de regretter la colonisation mais ne nous égarons pas...

Je suis convaincu que ce n'est pas la vente de produits considérés comme non essentiels qui poussent les gens à ne pas respecter le confinement. C'est plutôt l'incompréhension de la volonté gouvernementale et donc du risque sanitaire. Depuis le début du printemps ce gouvernement a montré toutes ses limites, pour ne pas dire incompétence, sur sa gestion de la crise sanitaire. En ne piochant que ponctuellement dans les rapports du Conseil Scientifique, en mettant en scène la proximité du Président avec un savant fou marseillais, en agissant et en se contredisant dans des délais de plus en plus courts, leurs propos et leurs actes sont devenus dénués de sens. Plusieurs études indiquent que des mesures coercitives sont mieux acceptées si elles sont expliquées par des personnalités scientifiques et non des dirigeants politiques. Les conclusions du Sixième Forum du futur sur la communication en cas de crise organisé en 2004 par l'OMS (ça ne date pas d'hier) préconisent par exemple :

  • ne pas transiger sur les compétences de la personne en contact avec la presse (souvenez-vous l'ancienne porte-parole du gouvernement au printemps),
  • communiquer en toute simplicité, avec exactitude et transparence, sans traiter le public avec condescendance et en temps utile avant que des mesures soient prises,
  • veiller à ce que les autorités sanitaires soient cohérentes dans leurs messages à la presse (l’objectif est de parler d’une seule voix).

Le gouvernement gagnerait à se faire plus petit, à mettre plus en avant un Conseil Scientifique sur le sujet du COVID au lieu de tenir des conseils de défense. Ses mesures gagneraient en lisibilité et en crédibilité. Hélas on a plus de chance de voir le Président et le Premier Ministre venir s'exprimer régulièrement et annoncer de nouvelles mesures qui seront, à n'en pas douter, de plus en plus restrictive et de moins en moins bien comprises par la population.