dimanche 3 mai 2020

Confrontation

Hier je regardais l'excellente série Dérapages sur Arte. L'histoire d'un quinquagénaire chômeur de longue durée (joué par Eric Cantona) qui prend en otage des cadres d'une entreprise française d'aéronautique dans le cadre d'un double entretien d'embauche. Cet entretien en mode "serious game" a pour objectif de choisir le cadre qui saura affronter une "guerre sociale" dans l'usine où il sera envoyé pour licencier plus de 1000 ouvriers et choisir le responsable RH qui saura se montrer le plus habile pour sélectionner les personnes les plus utiles à l'entreprise. C'est presque dommage que le principe de vidéo à la demande d'Arte ne propose qu'un rattrapage sur les 7 derniers jours car les 3 premiers épisodes (sur 6) ne sont déjà plus disponible.

En regardant cette confrontation morbide, je me suis dit que c'est un aspect sur lequel on ne s'interroge pas assez quand on s'apprête à choisir le futur Président de la République. Depuis le début de cette crise, je suis frappé par les limites du pouvoir macroniste. Les errements de toute l'équipe gouvernementale, les cafouillages et les contradictions permanentes, le Président et le Premier Ministre qui se mettent à gouverner qu'en tête à tête, uniquement accompagnés de leur directeur de cabinet respectif, ignorant les scientifiques et les parlementaires. Les derniers fans du Président argumenteront que "c'est une crise sans précédent", que "Macron s'en sort comme il peut avec les legs de ses prédécesseurs", etc. Sauf que c'est le 3ème président qui affronte une crise sans précédent. Sarkozy s'était confronté à une crise économique et bancaire inédite dans le monde moderne. François Hollande s'est confronté à une crise sécuritaire sans précédent sur le territoire français avec les vagues d'attentats de l'état islamiste. Pour ce dernier, sa gestion de la crise terroriste avait bien commencé avant de partir en vrille avec sa proposition de faire évoluer les règles permettant la déchéance de nationalité. A ce moment là, il s'est coupé une grande partie de la gauche, partie bien plus large que celle des frondeurs qu'il subissait depuis le début de son quinquennat. Est-ce que leurs comportements étaient prévisibles ? Etaient-il les mieux préparés à vivre des situations ?

Ces trois présidents n'ont jamais été interrogés sur leurs capacités à faire face à des situations de crise durant la campagne présidentielle. Sarkozy donnait l'impression d'avoir une "meilleure carrure présidentielle" que Royal, même croyance dans le charisme de Macron, surtout après l'auto sabotage de la campagne LR par Fillon.

Il y a fort à parier que nos prochain-e-s président-e-s seront aussi confronté-e-s à de nouvelles crises sans précédent, par exemple une crise climatique (sur notre territoire ou qui amènerait de nouveaux flux d’immigration inédits). Il pourrait donc être utile d'ajouter dans la campagne présidentielle une confrontation des candidats face à une situation de crise. On leur demanderait de décrire
  • leur façon de se comporter face à cette crise, par exemple un pouvoir seul pour une seule responsabilité ou un pouvoir collectif réunissant ministres et parlementaires (le comportement de François Hollande cherchant la concorde des parlementaires serait surement apparue dans cet exercice),
  • leur façon d'essayer de se prémunir comme avec la mise en place de fonds de réserve budgété et valider par les parlementaires, le développement des hébergements d'urgence, des actions contre le réchauffement climatiques ou pour protéger les zones les plus sensibles - comme les régions côtières par exemple,
  • leur façon de communiquer sur le sujet, un président s'adressant quotidiennement à la Nation (comme aux USA) ou laissant place au ministre concerné (ou à des experts du sujet).

Un programme d'élection présidentiel répond trop aux problématiques du moment de l'élection. En essayant de se mettre pus dans le contexte d'une crise, on peut déjà comparer les réactions, les actions prévues. Ce genre d'exercice pourrait permettre aux électeurs de mieux appréhender la personne qui s'apprête à prendre les manettes du pouvoir et de faire un choix un peu plus éclairé. Je ne dis pas qu'un autre candidat s'en serait mieux sorti mais une part de doute aurait pu être levée au cours de la campagne présidentielle.

Pour finir une belle reprise d'Idir, qui lui aussi s'est confronté au Covid-19.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire