lundi 11 mai 2020

Contraste

Il paraît que nous sommes le premier jour du déconfinement. Les Jours ont mis fin à leur obsession sur le confinement ainsi qu'à leur offre spéciale découverte confinée. Libération a publié les 55 témoignages de "vie de confiné". Je ne suis plus à Paris, je ne pourrai donc pas savoir si mes voisins continuent d'applaudir aux fenêtres.
Tôt ce matin BFM TV était dans la ligne 13 du métro parisien pour témoigner de l'affluence et de l'impossible respect de la distanciation physique, sans vraiment se poser la question de l'affluence dans la même ligne aux mêmes horaires lors des 8 précédentes semaines... J'ai vu une très longue file pour entrer dans le Printemps du cours de Vincennes, les magasins sont bien de nouveau ouvert. Les voitures semblent un peu plus présentes aux alentours de chez moi. Ce n'est pas le grand contraste par rapport aux semaines passés mais il y a du changement.

L'euphorie ambiante contraste en revanche avec mon impression de confinement continu. Cet après-midi nous avons chargé le coffre de la voiture de mes parents, direction Compiègne. Sur l'A1, on est loin de l'affluence d'un jour de semaine. Il y a des camions mais nettement moins nombreux qu'avant le confinement. Très peu de voitures circulaient sur l'autoroute également et surement mois que d'habitude sur le périph' (fluide à 14h !). La limite des 100km n'incite pas à prendre l'autoroute même si cette restriction n'était pas applicable aujourd'hui, faute de promulgation de la loi d'état d'urgence (amateurs un jour, amateurs toujours). Je vais apprendre à connaître le quartier qui m'accueille, la forêt qui m'entoure, je verrais bien avec le temps si je vois ou non du monde.

Certes je suis à présent bien plus loin de chez moi que toutes mes sorties réunies durant ces 2 derniers mois, pourtant je suis confiné. J'ai pris ma réserve de livres, ma console de jeux. Si je prévois de reprendre tout doucement la course à pieds, ce sera en forêt pour ne pas croiser grand monde. Si j'étais resté à Paris, j'aurais remis à plus tard la reprise. Je ne me serais pas senti à l'aise dans la foule des voies sur berges ou de la promenade plantée. Car la foule va être là. C'est le déconfinement pour les commerces mais les écoles sont toujours fermées. Quand notre système éducatif n'accueille qu'un million d'élèves sur les 12 millions d'inscrits, on ne peut pas vraiment appeler ça un déconfinement... Sauf pour le personnel enseignant du primaire qui gagne le droit de faire cours à une poignée d'enfants en présentiel, de continuer à assurer un suivi éducatif à tous les autres enfants qui sont obligés de rester chez eux et pour les enseignants des grandes métropoles, de s'entasser dans les transports en commun pour être à l'heure à l'ouverture des classes. Gagnant - Gagnant...

Pour contraster avec l'impression de déconfinement, mes chefs au boulot ont bien rappelé que c'était encore télétravail pour tous cette semaine et pour un grand nombre d'entre nous dans les semaines à venir. J'imagine que ça va être le cas pour un grand nombre d'entreprises situées à Paris et sa banlieue proche, plus peuplée de bureaux que d'usines, donc plus télétravailleuse que travailleuse sur site.

C'est le déconfinement mais les restaurants et les bars sont toujours fermés. Ce non déconfinement signifie que les filières approvisionnant ces lieux sont toujours au ralenti. Elles doivent continuer de s'adapter pour essayer de fournir la grande distribution ou directement les particuliers (lors des dernières semaines on se faisait livrer depuis Rungis de la viande hachée par lot de 1,5kg !!!).

C'est le déconfinement mais les hôpitaux sont toujours sur le pied de guerre. De nouveaux nids à COVID-19 sont apparus les derniers jours (suite à un enterrement, suite à une pré-rentrée dans un collège). Le Nord, l'Est et l'Ile-de-France sont toujours surchargés de travail pour traiter les "covidiens" et les autres malades.

Pour tous ces gens, je ne suis pas sûr que le déconfinement ait vraiment commencé ou s'ils le voient d'un bon oeil. Pourtant des choses rassurantes sont là. Plus besoin d'avoir peur que son lave-linge tombe en panne. On va pouvoir ressortir nos vélos, nos baskets. On va peut-être pouvoir lire de nouveau sur un banc (à défaut de terrasse de café). En mettant un pied dehors, est-ce la fin du confinement ou un simple allègement de celui-ci ?

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