dimanche 26 avril 2020

Contestation

Le ton monte. Le gouvernement se voit de plus en plus contesté. Il l'est depuis longtemps par l'opposition. C'est normal même si cette dernière paraît faire preuve de retenue dans cette guerre contre l'épidémie. La contestation s'amplifie car avec le temps il apparaît de façon de plus en plus flagrante que ce gouvernement avance à l'aveugle (ce qui pourrait être excusable dans une situation inédite de cet ampleur) mais aussi comme un sourd. C'est là que ça se complique. Depuis 2017 j'ai appris à connaitre ce gouvernement hautain, méprisant avec ses opposants, même quand ces derniers ont raison. C'est ainsi qu'on a pu voir par exemple des députés LREM voter comme des députés godillots le refus d'augmenter la durée du congé légale suite au décès d'un enfant mineur pour faire passer quelques semaines plus tard une loi identique mais issue cette fois-ci de leur camp.

Jusqu'à présent dans cette crise, le gouvernement montrait les efforts mis en place, précisant comme pour se dédouaner de toute responsabilité qu'il agissait en suivant les avis d'un conseil scientifique mis en place pour le guider. Des fissures sont apparues dans la cohésion entre le gouvernement et ce conseil sur la question des masques. Pour rappel le premier envisagerait une obligation uniquement dans les transports en commun quand le second demande le port obligatoire en toutes circonstances.

Nouvel accroc entre le gouvernement et le conseil scientifique sur un des sujets le plus emblématiques de la première phase de déconfinement : la réouverture des écoles. Cette réouverture a été promise par le chef de l'Etat dès le 13 avril. Dans une note du 20 avril, le conseil "propose de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre." Dans la note suivante (note du 24 avril), le conseil scientifique "prend acte de la décision politique". Ils n'ont donc pas été consultés en amont mais mis devant le fait accompli, comme tout le monde. Ils ont eu dix jours pour réfléchir à des pré-requis et des préconisations. Dans cette note où ils insistent sur le "principe de volontariat et de non obligation" (quelque chose me dit que les personnes constituant ce conseil ne vont pas remettre leurs enfants à l'école), il ressort trois points essentiels :
  • les personnels de direction, les enseignants et les associations de parents d'élèves doivent être associés tout au long du processus de réouverture des écoles
    (je comprends, contrairement à ce qui est fait habituellement avec ce gouvernement ?)
  • l'importance d'organiser la formation et l'éducation sur les mesures barrières et la distanciation sociale et s'assurer que l'organisation des établissements scolaires permettent leur mise en œuvre avant l'ouverture.
    (je comprends, vous avez deux semaines pour former les enseignants et les parents et trouver une organisation pour qu'il n'y ait pas des attroupements dans les cours de récréation ou à la sortie de l'école)
  • l'ouverture doit s'intégrer dans une démarche expérimentale et continuer de s'adapter en fonction de l'évolution de a situation sanitaire.
    (je comprends, vous avez voulu la réouverture, vous l'avez, mais si on doit pouvoir tout fermer de nouveau très rapidement s'il s'avère que c'est une grosse connerie comme on le pense).

Le gouvernement part donc à l'assaut de la crise sanitaire en laissant ses meilleurs experts à la maison. Heureusement, il a toujours son armée de godillots, doigt sur la couture, toujours prêts à partir au front pour son chef de guerre et ses ministres... ou non. Dans les rangs mêmes des députés LREM la contestation aussi prend place. Il faut dire que le parti présidentiel a un peu trop pris la confiance. Il aura fallu batailler pour obtenir un vote des parlementaires sur la solution de flicage des Français (dit aussi tracking en novlangue startup nation). Pire, ils apprennent ce dimanche qu'ils prendront connaissance mardi matin des mesures de déconfinement. Et comme ils ont insisté pour qu'on prenne leur voix en compte, ils voteront dès e mardi soir sur les mesures proposées. Nous assistons à un respect du travail parlementaire digne d'un 49-3...
On peut comprendre le réveil des députés LREM. Les autres fois ils n'étaient pas concernés par les lois qu'ils votaient. Ils pouvaient donc se permettre de diminuer les APL, réduire l'aide médicale d'Etat ou toucher à la retraite de ceux qui n'ont pas de complémentaires. Cette fois-ci ce sont leurs enfants, leurs parents qui sont visés par ces mesures. Cette fois, ils auraient bien voulu faire leur travail de parlementaires, de construction et de contrôles des lois.
 
Nous sommes le 26 avril, dans deux semaines le déconfinement va commencer, les écoles vont rouvrir pourtant les scientifiques sont plus que réticents. Les parlementaires ne sont pas associés aux mesures prises puisqu'ils ne sont qu'une chambre d'enregistrement. Le gouvernement est de plus en plus seul, contesté par son opposition comme par ses soutiens. Et pourtant pour la phase suivante, il demandera l'union nationale des politiques et de nouveaux sacrifices aux Français. L'union ne se décrète pas, en revanche la contestation peut se prédire...

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